Pierre Poulin 1724-1777

1 - Joseph - naissance, mariage et établissement en Beauce

Deuxième Poulin de la lignée arrivé à St-Joseph-de-Beauce. 1745 - Pierre et Claude Poulin, les frères de Joseph Poulin arrivé en 1741, et aussi André Poulin, Marie-Françoise et Marie-Ursule Poulin ses cousins, s'installent à Saint-Joseph.

Ce deuxième Poulin qui s'établit à Saint-Joseph était capitaine de milice, né le 9 octobre au soir de l'année 1724, à Sainte-Anne-de-Beaupré où demeuraient ses parents Jean Poulin et Agnès Drouin; il fut baptisé par l'abbé Chabot, le 11 du même mois et eut pour parrain Pierre Poulin, son oncle, lequel mourut l'année suivante, et pour marraine Marie-Victoire Lessart, tous de Sainte-Anne. Vingt ans plus tard, Pierre Poulin épousait, le 3 novembre 1744, Geneviève Boucher, de Saint-Joachim ; Voici une partie de l'extrait de • mariage : Le 3 novembre 1744, après la publication de trois bans de mariage faite au prône de nos messes paroissiales entre Pierre Poulin, fils de Jean Poulin et de feue Agnès Drouin, ses père et mère, de la paroisse de Sainte-Anne d'une part, et Geneviève Boucher, fille de Noël Boucher et de Marie-Anne Deblois, de Saint-Joachim, d'autre part ; ne s'étant découvert aucun empêchement à ce mariage, tant ici qu'à Sainte-Aime, nous soussigné Etaient présents au mariage : — Jean Poulin, père, Jobin beau-frère, Ignace Paré, cousin, Noël Boucher, père de l'épouse, Louis Paré, oncle, François Rancourt cousin. Ont signé les régistres Pierre Poulin, Ignace Paré, Louis Paré, François Rancourt et Pierre Bolduc. René de Portneuf, ptre - ce dernier sera tué à coups de sabre par les Anglais, en 1759.

Après son mariage, Pierre se fixa définitivement à Saint-Joseph de la Nouvelle-Beauce où demeurait son frère, Joseph, depuis quelques années. De ce mariage naquirent six enfants, dont quatre garçons et deux filles : l'aîné baptisé en 1750, sous le nom de Pierre mourut à l'âge de sept ans ; 2. — Louis, baptisé en 1753, marié en 1771 à Josephte Roy ; 3. — Geneviève, baptisée en 1755 et mariée en 1770 à Jean-Baptiste Jacques ; 4. — Pierre, baptisé en 1758, marié en 1779 à Victoire Lessart ; 5. — Angélique, baptisée en 1760, mariée en 1775 à Charles Rodrigue ; 6. — Etienne, baptisé en 1762 et marié eu 1780 à Josephte Labrecque. On rencontre encore à la Beauce, beaucoup de descendants de Pierre marié à Victoire Lessart, de Louis à Josephte Roy; quant à ceux d'Etienne qui n'eut que 2 fils dont un fit souche, Etienne lui aussi, ce dernier allait se fixer à Québec où l'on retrouve plusieurs arrière-petit-fils. Trois ans après la naissance de son dernier enfant, Etienne, baptisé en 1762, Geneviève Boucher, femme de Pierre Poulin décédait, le 14 mars 1765, à l'âge de 38 ans, et son corps était inhumé clans le cimetière de la paroisse.

Dans un pays de colonisation, les femmes par leur présence jouent un rôle très important ; Pierre Poulin, avec ses cinq enfants, dont le dernier n'avait que trois ans, dut se remarier ; il retourna à Saint-Joachim chercher sa seconde femme : " le 5 août 1765, après la publication de deux bans de mariage et la dispense du troisième, Pierre Poulin, veuf de Geneviève Boucher, habitant de la paroisse de Saint-Joseph de la Beauce, épousait Marthe Bolduc, fille du défunt Zacharie Bolduc et de Jeanne Lemieux, ses père et mère, de la paroisse de Saint-Joachim d'autre part ". Etaient présents : Claude et Athanase Poulin, frères de l'époux, Zacharie et Anatole Bolduc, frères de l'épouse. Ce mariage fut bénit par l'abbé Bosque.

De cette seconde union naquirent trois enfants : le premier mourut à un mois et les deux autres, Pierre-François à l'âge de quinze ans et Louise à quatorze ans. Pierre Poulin était, comme je l'ai dit au début, capitaine de milice. Quelle était la fonction de ces capitaines de milice qu'on rencontre un peu partout à cette époque ? Voici : lorsqu'une mort subite sur-venait dans la paroisse de son territoire, le capitaine de milice était chargé de faire enquête pour établir la cause du décès ; lorsque la mort était de cause naturelle, le verdict était le suivant : — " mort après avoir reçu la visite du Seigneur." L'année 1777 fut pour les quelques familles Poulin de la Beauce une année de deuils : le premier décès fut celui de Pierre Poulin inhumé le 7 avril 1777 à l'âge de 55 ans seulement. Vu le mauvais état des chemins, on dut garder son corps 11 jours à la maison, c'est la cause du retard de l'inhumation indiqué dans l'acte de sépulture par l'abbé Verreault alors curé de Saint-Joseph ; deux mois plus tard, mourait Marguerite Huot, la deuxième femme de Joseph Poulin et le 12 août de la même année décédait le vieux père Jean Poulin, à l'âge de 89 ans, celui-ci établi à Saint-Joseph, depuis 1760.

Note : Le fils d'Etienne, du nom de Joseph, marié à Aimée Breton fut trouvé gelé et son corps fut inhumé le 16 février 1858 à Saint-Joseph. L'abbé Nelligan chanta le service.

2 - Sa carrière de Capitaine de Milice

En tant que capitaine de milice, Pierre Poulin a joué un rôle lors de l'invasion américaine en 1775 par Bénédict Arnold. Invasion américaine de 1775 Le gouverneur CARLETON appréhende une invasion américaine. Les esprits s’échauffent sous l’influence des manifestes distribués par les Américains. En mai 1775 monsieur TASCHEREAU se rend à Saint-Joseph pour y établir la milice. Les paroissiens, malgré les conseils du curé VERREAU, se révoltent et refusent de reconnaître l’autorité du roi. Dès que monsieur TASCHEREAU apparut devant eux, à l’église, ils quittèrent. Cet été là les espions ont passé et repassé librement en Beauce, sans jamais être inquiétés. Bien au contraire, les habitants leur rendaient la vie plus facile. Malgré toutes les demandes et menaces de Mgr BRIAND, les Beaucerons se rangent du côté des Américains. Ce n’est pas le seigneur DE LAGORGENDIERE qui peut avoir de l’influence sur eux, il n’est jamais présent dans sa seigneurie. Pour ce qui est du curé VERREAU il habite à Sainte-Marie, depuis sept ans, car il pleut dans le presbytère de Saint-Joseph. Les habitants de Saint-Joseph n’ont pas bonne réputation, selon les plaintes que les curés font à leur évêque. Par contre Mgr BRIAND fait régulièrement des reproches à ces derniers. Il les traite de paresseux, pesants et les menaces de retour au couvent.

Quelques-uns semblent avoir cependant donné le bon exemple à leurs paroissiens, tel : les Pères JUSTINIEN, GATIEN et LAMOTHE. « Le diable sera dans la paroisse sous nombre de prédécesseurs et successeurs. » Deux mois plus tard le 1er novembre, ARNOLD s’installe près de la rivière Gilbert. Un officier d’ARNOLD écrit, dans son journal, de quoi était composé le menu des habitants où il fut soigné. Comme il ne diffère probablement pas de celui des autres familles, voici ce qu’il mentionne : « la nourriture était saine, le menu du déjeuner consistait en un bol de lait, du pain qu’il qualifie d’excellent, du sel et de l’ail. » Le repas principal qu’on laissait mijoter toute la nuit, se composait de bœuf ou de porc, parfois les deux, du chou, des patates et des navets. En février 1776, le manoir de Sainte-Marie est pillé par les habitants. On organise une vente publique à laquelle assiste un très grand nombre d’habitants, de Sainte-Marie et des autres paroisses. Même le capitaine de milice de Saint-Joseph!

Agrandir l'image. Guy Carleton

Le 27 juin Saint-Joseph voit arrivé les trois commissaires, nommés par le gouverneur CARLETON, afin d’enquêter sur les événements de l’invasion américaine et de rétablir la milice. L’assemblé a lieu à 10 heures du matin. Le capitaine François LESSARD est destitué de ses fonctions. Le nouveau capitaine Pierre POULIN et ses 83 hommes sont passés en revue. Suite à cette enquête CARLETON envoie en Beauce le 52ième régiment anglais des troupes régulières. L’entêtement des Beaucerons à se rebeller contre le roi fit qu’ils eurent à subir et exécuter les exigences des militaires. L’occupation se terminera en 1784. Cela ne veut pas dire que la mentalité des habitants avait changé. (Les Beaucerons ces insoumis, p.101-111, Madeleine Ferron et Robert Cliche, Ed. Hurtubise HMH, 1974. et Un journal de 1775-1776, RAPQ, 1927-1928, p.471-472.) [Note: je n'ai pas vu trace d'un régiment nommé 52e, peut-être s'agit-il du 53 ou 72?]

• Complément de lecture à propos de Benedict Arnold : Voir à ce [LIEN] au 19 mai 2020 dans les Nouvelles et histoires alentour Genepoulin.

• Quelques dates à propos de la milice, avant et après l'invasion américaine de 1775

1760 Après la conquête, la milice canadienne est supprimée. 1764 Remise sur pied de la milice canadienne pour pacifier les tribus autochtones de l'Ouest. 1775 Lors de l'invasion des USA, Gabriel-Elzéar Taschereau devient colonel de son bataillon de milice par le gouverneur Guy Carleton. Les milices paroissiales sont réorganisées.Le manoir seigneurial des Taschereau est pillé par les troupes ennemies. 1776 La Nouvelle-Beauce compte 333 miliciens. 1793 La milice de Sainte-Marie compte 336 hommes, celle de Saint-Joseph, 210, et celle de Saint-François, 163. 1803 Une loi du Parlement de Québec autorise le Gouverneur à lever, chaque année, 1 200 hommes qui doivent se soumettre à une période d'instruction de 28 jours ; c'est la milice d'élite incorporée. 1807 Les miliciens de la Chaudière font partie du Second Battalion de la ville de Québec commandé par Gabriel-Elzéar Taschereau.