La terre des Poulin sur la Côte-Nord

La Pointe-à-Poulin est située à l'ouest de Baie-Trinité. C'est là que s'est établi François-Xavier Poulin vers 1837 (notes sous chaque individu de la lignée). Il n'y avait pas de village alors. Depuis, la Pointe a toujours été habitée par la famille Poulin.

Dans mon enfance, le village s'appelait Baie-de-la-Trinité, et il faisait partie du Comté Saguenay. Mon adresse postale était simplement Baie-de-la-Trinité, Comté Saguenay. Plus tard, le nom fut écourté et devenu Baie-Trinité (Lucie Poulin)

On peut voir ici l'ascendance et la descendance du premier Poulin établi à la Pointe, François-Xavier Poulin [Genepoulin.net arbre non protégé par mot de passe].

alternative description

Chroniques parues dans le journal La Côte-Nord en septembre et octobre 1969
Provenant des Archives de la Hudson's Bay Compay par la Société historique de la Côte-Nord, avec la permission de la compagnie.


CHRONIQUE 1 : 1831, la Pointe n'est pas habitée, on apprend l'origine de la croix encore présente aujourd'hui

La Pointe-à-Poulin - Baie-Trinité

On a toujours remarqué la pointe qui s'avance à l'ouest de la baie. Bonny Castle et le Dr Steward, compagnons de voyage de Lord Aylmer, n'y rencontrent personne lors de leur visite le 10 août 1831. Leur exploration donnera lieu probablement à la première description géologique des lieux : At a large trap-rock, near a point of rocks three miles west of the river, I observe huge outspourings of gneissoid matter, in frequent veins, and this trap-rock resisted the hammer as much as that of the Great Ball. Singular small veins, or marquing of feldpar and quartz, were observed in the trappose formation of Saguenay.

Remonter le Saint-Laurent à l'époque des voiliers. L’importance maritime de le côte à Baie-Trinité tient aussi au fait qu’à l’époque de la navigation à voiles, la plupart des bateaux arrivés d’Europe s’y arrêtaient. Confrontés à l’entrée du St-Laurent à un vent qui vient des Grands Lacs, un vent dominant du sud-ouest, les voiliers doivent remonter le fleuve en zigzaguant pour se rendre à Québec. Ils se dirigent d’abord vers la Côte-Nord; plein ouest, et aboutissent quelque part sur le littoral entre Sept-Îles et Baie-Trinité. S’ils arrivent près de Sept-Îles, ils remontent la côte jusqu’à Baie-Trinité, puis longent la Pointe-des-Monts et traversent ensuite vers la Rive-Sud pour éviter les grands bancs de sable de Manicouagan. De la Rive-Sud, ils s’engagent dans un autre axe vers Tadoussac. C’est la façon la plus sécuritaire de remonter le St-Laurent en voilier.

N'allez pas croire que cette pointe à l'ouest de la baie Trinité est stérile. Si elle se termine ainsi à mesure qu'elle approche de l'eau salée, elle se recouvre à l'arrière de prairies luxuriantes. On peut y admirer, aujourd'hui, (1969), à l'ouest comme à l'opposé de beaux paysages marins. De la hauteur rocheuse où s'élèvent maintenant des maisons, on aperçoit d'un côté, la magnifique grève sablonneuse et le village de Baie-Trinité; dominé par son clocher; de l'autre, on devine de loin l'ancien phare de Pointe-des-Monts qui s'élève sur un îlot rocheux et qui tranche sur des horizons tout bleus ou vaporeux, selon les humeurs maritimes de la nature.

Agrandir l'image.source BanQ
Cette Pointe a reçu bien d'autres visiteurs. Cinq ans après le passage du géologue, un évêque de Québec, retardé par des vents contraires, y descendra pour y présider une cérémonie émouvante que son agenda n'avait pas prévue. L'Abbé Ferland, son compagnon de voyage, nous en a gardé la relation : Le premier août 1836, la «Sara», goélette du capitaine Constant V., en route depuis le 15 juin, traversait au nord, vis-à-vis de Ste-Anne-des-Monts. Mgr Pierre Flavien Turgeon, alors coadjuteur de l'archevêque de Québec, Mgr Siguay, qui était à bord, revenait d'une tournée pastorale dans le district de la Gaspésie. L'abbé Ferland, alors curé de St-Isidore-de-Lauzon, et deux autres prêtres, formaient le cortège du prélat. Un lourd vent du nord éprouvait bientôt la goélette aux approches de la côte septentrionale et la poussait vers la Pointe-des-Monts où la forte brise du sud-ouest l'obligeait à louvoyer sans grand progrès. L'inutilité de tous les efforts contre les vents et les courants forçait le vaisseau à venir s'abriter dans la baie de la Trinité en attendant des vents plus favorables. On y jetait bientôt l'ancre au milieu d'une mer calme à peu de distance de la terre.

Une autre goélette du même propriétaire, la Nancy montée par ses fils, en provenance de Halifax, y mouillait aussi après avoir tenté en vain les mêmes luttes. Un autre bâtiment, celui du capitaine A. M. Tremblay les avait précédé. Le vent défavorable les retiendra deux jours en ces lieux qu'ils pourront explorer à loisir. Une promenade, dans l'après-midi, les conduit sur la grève, puis jusqu'à l'établissement de la Baie d'Hudson, situé à une demi-lieu sur la rivière.

On dénote aussi en avril 1883, à l'approche de la Pointe, de l'échouage de la barque Le Melicite en provenance de Belfast, épave visible encore aujourd'hui, voilier a fait l’objet de plusieurs missions de reconnaissance pour le documenter depuis 1976.
Ils en rapportent coquillages, oursins, étoiles de mer, et... un magnifique saumon. Ils y découvrent une croix à demi pourrie qui datait déjà de plus de 20 ans et ils se proposent de la remplacer si le vent défavorable les retient encore quelque temps. Leur projet va se réaliser et un simple geste de foi, une émouvante cérémonie se déroule le lendemain, le 3 août 1831 sous la présidence de Mgr Turgeon. Rapportons ce récit pour lui garder toute sa saveur historique :« À huit heures du matin, raconte l'Abbé Ferland, tout est prêt pour notre entreprise; nous nous rendons à terre, munie de haches, de pinceaux et de peinture. Les ouvriers se mettent à l'oeuvre, abattant deux sapins (sans doute des épinettes), les taillent et les clouent en croix. Sur cette oeuvre un peu rude, s'étend une double couche de peinture; et voilà la croix prête à être élevée sur le rocher. Pour la soutenir quelques grosses pierres sont roulées autour de la base. Ainsi appuyée, elle pourra résister aux plus rudes coups de vent. Les équipages des trois goélettes, les employés de l'établissement et quelques pauvres sauvages montagnais assistent à la bénédiction faite par Monseigneur de Sydime; tous viennent ensuite baiser le pied de la croix.

Les hommes sont avides de laisser un souvenir après eux, et, ce souvenir, chacun l'attache comme il peut de son passage. La date de la bénédiction est tracée sur le montant de la croix, et les rochers qui la soutiennent sont chargés de porter à la postérité les noms des personnes présentes... La croix rendra de grands services, en rappelant quelque pensée religieuse aux équipages des nombreux navires qui mouillent dans ce port.»

CHRONIQUE 2 : L'arrivée de François Poulin sur la Côte-Nord; il a travaillé dans d'autres postes de traite avant de s'établir définitivement à la Pointe (Pointe à Poulin)

La famille Poulin

Cette Pointe, que l'on appellera encore longtemps la Pointe de la Trinité dans les documents et les registres (v.g. en 1873, dans l'acte de baptême de Guillaume Poulin) finira par porter le nom de la famille pionnière de l'endroit. François Poulin - Le trente octobre 1839, François Poulin épouse, à la Malbaie, Agnès Jordan, fille de Charles Jordan, commis au poste de Godbout, et de Agnès Siméon. Originaire de Verchères, François Poulin était le fils de François Poulin et de Marie Connely. Il portant en ses veines le sang d'une vieille famille pionnière du pays et par sa mêre, le sang irlandais.

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Maître tonnelier, François Poulin était alors à l'emploi de la compagnie de la Baie d'Hudson, à Godbout. On mentionne qu'il est à Tadoussac en mars 1832. On ne saurait affirmer avec certitude cependant s'il y est resté ou s'il y est seulement passé. De 1834 à 1837, il exerce son métier au poste de Sept-Îles. Le 14 juillet 1837, il accepte d'être le parrain de Marie Cameron, fille de Duncan Cameron et de Agathe Chisolm, baptisée par l'abbé François Boucher. Il sera ensuite transféré au poste de Godbout dont Charles Jourdan, senior, son beau-père, dirige les affaires avec compétence. Le traiteur en chef, Murdoch McPherson, semble apprécier ses bons offices et Poulin semble jouir de sa confiance si l'on en juge par les dispositions du nouveau contrat, une sorte de demi-engagement d'une durée de trois ans. Le premier août 1844, il continue son travail de tonnellerie comme d'habitude et la pêche de la rivière Trinité au salaire de vingt livres par année mais il obtient la permission de s'y établir et d'y tenir un petit magasin pour vendre des provisions à tous les passants qui cherchent refuge dans la baie. Sauf durant le temps de la pêche, et durant l'exercice de son métier au poste de Godbout, il doit maintenant pourvoir à sa subsistance. Ses fonctions l'obligeaient encore à agir comme gardien de la rivière Trinité. Toutes les instructions relatives à ce nouveau contrat avaient été envoyées à Charles Jordan depuis le 7 octobre 1843.

CHRONIQUE 3 : L'ancêtre Poulin a des démêlés avec son employeur, la Cie de la Baie d'Hudson à Baie-Trinité. il ne semble pas se laisser impressionner

La famille Poulin (suite)

François Poulin bâtit sa maison à Trinité, en 1844, à environ un mille et demi du poste de pêche de la compagnie, soit à la Pointe actuelle. Le nouveau «bourgeois», M. George Barston, qui remplace bientôt M. McPherson, à Tadoussac, ne verra pas ce contrat d'un bon oeil. Le commerce de M. Poulin, plein d'initiative, va bon train, au point que Barnston écrit le 26 février 1845 que le poste de Godbout souffre de la compétition de François Poulin qu'il soupçonne de se mêler de traite avec les Indiens en sous-main. Il redoute la connivence de son beau-frère, Alexandre Jordan et s'effraie de voir Charles Jordan senior, récemment retraité, se joindre à eux. Pour déjouer l'association et réduire l'opposition, il propose le congédiement définitif de François Poulin, l'expédition du jeune Charles Jordan au poste d'Ashuapmouchouan et l'offre à son père d'un emploi sur le St-Maurice - s'il regrette d'avoir abandonné le service de la compagnie - car c'est un traiteur expérimenté, économe, qui prend toujours un grand intérêt au poste qu'on lui confie.

Agrandir l'image.Première maison de la Pointe

Le poste d'Ashauapmouchouan s'élevait sur les rives de la rivière du même nom, au carrefour des routes de canots dont l'une conduit à la Baie James et à la Baie d'Hudson par le Lac Mistassini et la rivière Rupert, et dont l'autre menait à la rivière St-Maurice par des petits lacs et des petites rivières. Fondé sous le régime français en 1690, la compagnie de la Baie d'Hudson maintient ce poste jusqu'en 1850. Ainsi, le fils ne serait pas loin du père. De plus, M. Poulin s'attend à obtenir sous peu un lot du gouvernement à la rivière Trinité, selon des informations qu'il tient de Alexandre Comeau (employé de la Baie d'Udson). À son avis, un établissement à Baie-de-la-Trinité, c'est la fin du commerce avec les Indiens de Mingan. Et comble de la mesure, M. Jordan possède une lettre de M. McPherson autorisant cet établissement «laquelle lettre, bien sûr, sera montrée au département des terres pour nous fermer la bouche, si nous nous objections ...»

Que faire pour étouffer cette compétition dans l'oeuf? Un plan s'élabore en deux points : congédier M. Poulin, établir un petit magasin dans la rade de Trinité pour fournir les nombreux pilotes qui fréquentent le havre et nuire ainsi au compétiteur de la compagnie. Le 11 mars 1845, M Duncan Finlayson, «chief-factor» et agent de la Compagnie de la Baie d'Hudson à Lachine adresse cependant un avis de prudence à M, Barnston en ces termes ; «Au sujet de Poulin, vous ne pouvez l'expulser, j'en ai peur, sans produire la preuve qu'il a manqué à son contrat avec la compagnie et qu'il a perdu tout droit a l'indulgence, et même si tel est le cas, j'ignore jusqu'à quel point il serait judicieux d'intenter des procédures légales; je ne vois pas pour le moment d'autre alternative que de lui donner l'avis de cesser son commerce au risque de forcer la Compagnie à recourir à la loi contre lui...» Mais George Simpson donne bientôt l'ordre, le premier 1845, de congédier M. François Poulin. C'est M. François Lattinville, simple travailleur manuel qui le remplacera comme gardien de la rivière Trintié. Il sera assisté par trois hommes, un hivernant et deux autres travailleurs, durant l'été. En mars 1847, M. Comeau informait M. Barnston de l'état d'un nouveau magasin en construction à Trinité, sans doute l'établissement proposé par M. Barnston pour contrecarrer les plans de leur ancien employé.

Où en était donc le commerce de M. François Poulin? Qu'était devenu M. Charle Jordan? Une lettre de M. Comeau au bourgeois de Tadoussac, en date du 15 janvier 1848, nous en informe. Charles Jordan s'était uni à son gendre et ils avaient commencé à fournir plusieurs familles indiennes de Godbout, pour la chasse aux loups-marins, etc.... John Mowat, employé au poste de Godbout, avait reçu des instructions de nature à anéantir cette rivalité : «Je m'attends, écrivait M. Comeau, que la plus grande partie des fourrures et de l'huile des Indiens, qui ont reçu de leurs fournitures de Jordan & Poulin, pourront être facilement achetées par Mowat en espèces, en bel argent comptant..., et moyennant des déboursés insignifiants, les Indiens oublieront leurs engagements envers leurs fournisseurs...» Que faire encore pour empêcher les Volant de se joindre à cette association? Pour le prévenir, on leur offre des postes de pêche qu'ils ont vite acceptés par écrit : une de ces pêcheries se trouvait au rocher de la pointe nord-est, en bas de la rivière, et elle avait été pêchée l'année précédente par François Poulin et Alexandre Jordan; l'autre, au sud-ouest où Gamache avait pêché les deux saisons précédentes. Rien n'empêchera Poulin de demeurer à Baie-de-la-Trinité. La compagnie se demande d'ailleurs s'il ne faut pas cesser les opérations à la rivière Trinité; on décide finalement de les poursuivre sur une moindre échelle. En 1849, Charles Flaws, tonnelier, remplace M. Lattinville, mais sa santé ne lui permet pas d'entreprendre une autre année. En septembre 1850, John Linklater, manuel (labourer) reçoit une nomination pour la rivière Trinité, mais le mois suivant, on ferme le poste pour l'hiver. Le 19 juillet 1851, le gouverneur Simpson décide de garder la Trinité comme poste de pêche seulement et de fermer le poste l'hiver. Quant à M. François Poulin, il semble être rentré en bonnes grâces; en 1855, il loue la maison de la compagnie pour quelques mois. La compagnie, qui fermera ses portes à Godbout quatre ans plus tard, se désintéresse de Trinité, semble-t-il, et adopte une politique déjà plus conciliante. (Notes tirées des Archives de la Hudson's Bay Company).

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Le pionnier de Baie-de-la-Trinité mène à bien ses affaires. Il possède un établissement qui prospère à la pointe, tend ses propres filets à saumons et en capture une moyenne de vingt barils par année. Il trafique avec les Indiens, tient une petite négoce pour les pilotes et les navigateurs qui fréquentent la baie, exerce à l'occasion son métier de tonnelier. C'était un métier recherché à cette époque qui précédait la généralisation de la «neigère», des congélateurs, etc. Hareng, maquereau et même morue, truite et saumon ont longtemps été salés à l'état vert et expédiés dans les barils sur les marchés extérieurs. Les barils vides de farine et de pommes ne pouvaient suffire au besoin. En 1857, on salait encore 1200 barils de saumon sur la côte. La statistique de 1861 accumule 2370 barils de hareng, 1157 3/4 de saumon, etc. Heureux le village ou le hameau qui possède un bon tonnelier, capable d'assurer et de protéger les produits de la pêche par des tonneaux bien faits, bien étanches, constuits de bois bien sec, aptes à garder la saumure contre toute fuite, bien bombés, bien encerchés par de solides cerceaux, capables de résister à tous les aléas du voyage par la mer.

En 1845, Dick Lauder donne les instructions suivantes aux tonneliers qui fabriquent des barils pour le hareng : « Barrels should be constructed of well-seasonned-wood, and be made tight in the bottoms and seams, and croze, by introducing the broad-leaved water plant called the sedge or flag, which tend to secure the original pickle under all circumstances ». Comme on peut le constater, la confection des barils comporte un art et des secrets, selon leur destination. Aussi la compagnie de la Baie d'Hudson avait-elle engagé un tonnelier dans tous les postes importants où elle faisait la pêche. On ne s'étonne pas non plus d'en trouver en différents endroits de la côte.

CHRONIQUE 4 : Il est encore question de notre premier ancêtre établi à Baie-Trinité. Il y en a des choses à dire sur lui

La famille Poulin (suite)

Le pionnier de Baie-de-la-Trinité mène à bien ses affaires. Il possède un établissement qui prospère à la pointe, tend ses propres filets à saumons et en capture une moyenne de vingt barils par année. Il trafique avec les Indiens, tient une petite négoce pour les pilotes et les navigateurs qui fréquentent la baie, exerce à l'occasion son métier de tonnelier.

C'était un métier recherché à cette époque qui précédait la généralisation de la «neigère», des congélateurs, etc. Hareng, maquereau et même morue, truite et saumon ont longtemps été salés à l'état vert et expédiés dans les barils sur les marchés extérieurs. Les barils vides de farine et de pommes ne pouvaient suffire au besoin. En 1857, on salait encore 1200 barils de saumon sur la côte. La statistique de 1861 accumule 2370 barils de hareng, 1157 3/4 de saumon, etc. Heureux le village ou le hameau qui possède un bon tonnelier, capable d'assurer et de protéger les produits de la pêche par des tonneaux bien faits, bien étanches, constuits de bois bien sec, aptes à garder la saumure contre toute fuite, bien bombés, bien encerclés par de solides cerceaux, capables de résister à tous les aléas du voyage par la mer. En 1845, Thos Dick Lauder donne les instructions suivantes aux tonneliers qui fabriquent des barils pour le hareng : « Barrels should be constructed of well-seasonned-wood, and be made tight in the bottoms and seams, and croze, by introducing the broad-leaved water plant called the sedge or flag, which tend to secure the original pickle under all circumstances». Comme on peut le constater, la confection des barils comporte un art et des secrets, selon leur destination. Aussi la compagnie de la Baie d'Hudson avait-elle engagé un tonnelier dans tous les postes importants où elle faisait la pêche. On ne s'étonne pas non plus d'en trouver en différents endroits de la côte.

CHRONIQUE 5 : François Xavier Poulin décède, voyons qui prend sa relève et les relations entre les Poulin et Comeau deviennent difficiles

La famille Poulin (suite) - Les Mead.

François Poulin meure à Baie-de-la-Trinité, le 23 avril 1856, à l'âge de 42 ans. Après dix-sept ans de mariage il laisse derrière lui son épouse et quatre enfants. Le 25 mai de la même année, l'aînée de la famille, Marie, décède au couvent des Ursulines à Québec. La pierre tombale du cimetière familial des Poulin à la pointe ouest de la baie, porte gravée la triste mention de ces épreuves familiales. Une autre fille, Louise, avait vu le jour le 6 juillet 1845. Elle était baptisée le 29 juillet 1845 par le Père Pierre Fisette o.m.i., compagnon de l'abbé Boucher lors de sa dernière mission sur la Côte, et compagnon d'apostolat du R.P. Flavier Durocher (1844-1845), interprète incomparable des cantiques du Père Durocher. Le troisième enfant de cette famille, Adelaïde Poulin, naissait le 7 juillet 1847 et recevait le baptême des mains du P. Flavier Durocher. Le 24 avril 1852, le dernier enfant de ce couple naissait, François, l'héritier éventuel de son père. Il recevait le baptême des mains du célèbre père Louis Babel, le 2 août suivant.

Que deviennent la veuve et les enfants? Madame Poulin épousa en seconde noce John 'Narcisse' Mead. Il était dit-on (madame Fafard-Lacasse) un écossais qui aurait survécu à un naufrage et qui aurait marié son hôtesse. Le 25 avril 1863, M. John Mead paraissait à Québec devant un comité spécial chargé d'enquêter sur la loi des pêcheries. Il se déclare commis dans le bureau d'un bateau à vapeur occupé depuis 1856 à la pêche au saumon à Baie-Trinité, possesseur de cette pêcherie au moment de l'affermage des postes de pêche (1858) par le gouvernement, et cela «par le premier mari de sa femme».

Cet établissement est considérable et compte environ neuf bâtiments. M. W.F. Whitcher écrit d'ailleurs dans son rapport du 24 décembre 1858 : «À l'extrémité de la baie, à la pointe Trinité, un nommé John Mead a une autre pêcherie..» En 1859, Mead obtient son permis légal de M. R. Nettle au taux de quatre dollars pour la saison et capture quatre barils de saumon. Ses filets s'étendent sur cent brasses. En 1860, M. Nettle accorde un permis à sa femme au taux de douze dollars. La récolte s'élève à six barils. En 1861, il obtient encore son permis mais avec difficulté. Au moment de renouveler sa demande, en septembre 1860, il essuie un refus de M. Nettle qui prétend l'avoir loué à M. Alexandre Comeau pour la somme de trente-cinq dollars.

M. W. F. Whitcher, à qui il porta plainte, lui fit restituer sa pêcherie, moyennant cependant une hausse de prix et le paiement de cinq années d'avance. Les deux voisins se semblaient pas entretenir de bonnes relations. Mead se plaint de M. Comeau et de M. Nettle qu'il accuse de favoriser Comeau qui demeure à un quart de mille de la pointe, dit-il, et aurait tendu un filet de deux cents brasses en avant de sa maison, à son grand préjudice.

Le 13 mai 1861, le capitaine Fortin se rend sur les lieux pour régler une autre plainte de M. Mead contre M. Comeau. «Le lendemain, écrit le capitaine Fortin, je me rendis à Baie-de-la-Trinité, et m'occupai d'une plainte de M. Mead contre Alexandre Comeau, écuyer, portant que ce dernier avait bâti une maison et un hangar sur son terrain. Je me transportai sur les lieux, j'en examinai les bornes et je m'assurai que la maison de M. Comeau était hors des limites est des terres des héritiers Poulin, dont M. Mead était l'agent, et que le hangar en question était sur la pointe de Trinité, sur les rochers qui sont couverts d'eau à mer haute, et, par conséquent, ne pouvaient faire partie du terrain des plaignants.»

En 1861, John Mead prenait sept barils de saumons. Ses rets comptaient alors quarante brasses de plus. Selon le rapport du capitaine Fortin, M. le locataire de la pointe de Trinitié prenait encore 9 barils et demi de poisson en 1862. Ce locataire, on le voit, veillait avec zèle sur la dot de son épouse.

Quant à son épouse, Madame Fafard-Lacasse, elle nous laisse un portrait littéraire intéressant :«Dotée d'un physique imposant, elle avait le teint cuivré et des yeux perçants qui reflètent une intelligence très vive. À ses manières distinguées s'ajoutait un esprit remarquable d'observation qui la plaçait au-dessus de la généralité de son entourage. Tous ceux qui ont eu l'occasion de rencontrer cette femme ont conservé l'impression de sa personnalité exceptionnelle; elle a d'ailleurs joué un rôle assez important et a laissé un excellent souvenir.» Les mélanges de sang et de race créent souvent, dit-on, des êtres supérieurs.

Elle était une femme active et vaillante qui a su bien élever ses enfants et faire valoir l'héritage de son mari. Elle ne se contentait pas de tenir commerce et d'oeuvrer sur place : elle poussait sa goélette au large et au loin, ainsi qu'en témoigne une note du Journal des missions montagnaises des Pères Oblats, le 25 juin 1883. «Deux goélettes sont venues mouiller à la pointe (de Betsiamites) entre autres celle de Mme Mead qui s'apprêtait encore à débarquer son magasin et quatre bêtes à cornes.» Elle était aussi charitable, généreuse et pieuse. Une autre note du Cahier des comptes des missions des Pères Oblats nous révèle un de ses bienfaits :«En 1866, on y érigeait le Chemin de la Croix (dans la chapelle indienne de Godbout). Les tableaux et les croix des stations furent données par Dame Agnès, veuve Francis Poulin.»


Été 2024 : de passage à la Pointe à Poulin (Baie-Trinité) - autres photos dans le carousel sur la page de François-Xavier Poulin.

Agrandir l'image.De passage à la Pointe à Poulin (Baie Trinité), septembre 2024 - rue Poulin menant à la Pointe

Agrandir l'image.Pointe à Poulin (Baie Trinité)

Agrandir l'image.Pointe à Poulin (Baie Trinité) par J. Simard, photographe

Agrandir l'image.Croix à la Pointe à Poulin par J. Simard, photographe

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