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- Tragedie au port de Québec 1939
Description des funérailles tenues à Saint-Joseph
- Tragedie Bassin Louise 1939
Photographie des funérailles de cinq victimes de noyade dans le Bassin Louise de Québec en octobre 1939
Cette photographie témoigne d’un événement tragique qui a frappé la communauté de Saint-Joseph, soit les décès de Adrien Vachon, Jean-Marie Jacques, Joseph-Anselme Jacques, Charles-Antoine Jacques et Philippe-Auguste Jacques. La journée des funérailles été déclarée jour de deuil civique par la municipalité et tous les commerces de Saint-Joseph avait été fermés pour permettre à la communauté d’assister aux funérailles.
Cet événement tragique a été couvert par plusieurs médias et certains articles sont disponibles en ligne via le portail Numérique de Bibliothèque et Archives nationales du Québec dont :
DESCRIPTION DU DRAME par
Le Soleil 19 octobre 1939
Les 5 occupants de I auto qui tomba dans le bassin Louise périrent après une lutte brève et terrible [de la famille Jacques qui a fourni tous les détails]. Cinq jeunes gens avaient laissé St-Joseph. à 6 heures hier soir, pour se rendre a Québec. Les recherches furent abandonnées hier soir et furent reprises ce matin.
L’HEURE DU DRAME
Le drame s’est produit vers 8 heures 40. Les aiguilles des montres trouvées dans les habits des victimes à la morgue Marceau, s’étalent arrêtées, l’une à 8 heures 40 et l'autre à 8 heures 38. Les victimes sont demeurées plus de trois heures à l’eau avant que l’on ne parvienne à remonter leur auto.
LA TRAGÉDIE
Deux vétérans, employés par la Gendarmerie Royale du Canada,pour surveiller l'entrée du port de Québec, MM. Michael Wallace, et P. Letarte, ont vu l’automobile au moment même où elle tombait après avoir pris une mauvaise direction. Au même moment, ils entendirent aussi des cris déchirants. Ils aperçurent pendant assez longtemps des
bouillonnements à la surface de l’eau. D’après la version même des témoins, l'automobile “Ford” venait apparemment de la Traverse de Lévis. Au lieu de s'engager sur la rue St-André, près des édifices de la Régie des liqueurs, la machine fila sur la rue Dalhousie jusqu'aux environs de la construction, située à l’entrée du pont du havre et occupée par des détachements de la police municipale et de la police du Havre. A une centaine de pieds de cette bâtisse le véhicule prit la direction de gauche et alla tomber à à l'eau. M. Wallace avait à peine réalisé ce qui venait de se produire qu’il courut prévenir le sergent Michel Stapleton, du poste No 10, qu’une automobile venait de tomber dans
le bassin intérieur. Le sergent et ses hommes, ainsi que les gardes de la R.C.M.P. coururent également sur le quai où ils apercevaient encore un bouillonnement. L'alarme
fut aussitôt donnés aux quartiers généraux de la police municipale et les secours s'organisèrent sans tarder.
EFFORTS DE DÉLIVRANCE
Tout dans l'automobile et à l'extérieur dénote quelle lutte effroyable les jeunes gens ont livrée pour se dégager de leur automobile, qui venait de s'abimer dans les eaux du j bassin Louise. Les vitres de l’auto étaient presque toutes cassées. On trouva même une des victimes, les deux pieds dans une des vitres du pare brise qu’il avait enfoncé pour
se délivrer. La porte arrière, côté droit, était pratiquement arrachée, elle ne tenait pus que par la penture du bas. Se voyant tomber, les occupants du siège arrière de l’automobile ont dû faire un suprême effort pour ouvrir la porte et c’est ainsi qu’ils auraient eu la force de la briser.
LA MONTÉE DE L’AUTO
Il était 12 heures 20, cette nuit lorsque l’automobile fut remontée à la surface des eaux. C’était une Ford Sedan portant la licence 1112,691. Les phares du véhicule jetaient encore allumés. Les détectives s’empressèrent de s’adresser aux quartiers généraux afin de connaître à quel nom correspondait la licence de l’auto. D’après les records l’automobile était la propriété de M. Georges Couture, de St-Joseph-de-Beauce.
La montée de l’auto se continua jusqu’à ce qu'elle fut presque entièrement dégagée des eaux. Plusieurs hommes la fouillèrent et retirèrent les cinq cadavres qui s’y trouvaient.
LE SAUVETAGE
Les services de M. Alphonse Roy.scaphandrier de la Commission du Havre, ne tardèrent pas à être requis. M. Roy descendit pour la première fois, au fond de l’eau, à 10 heures 30. L’automobile fut alors localisée. Elle était sur le côté et s'était enfoncée dans la boue. Elle avait tout probablement piqué du nez puisque tout le devant était rempli de terre. A 11 heures 55, le scaphandrier revenait à la surface pour descendre les crochets qui devaient être placés dans les amarres installées à l'essieu avant pour retirer le véhicule. Quelques minutes plus tard, les remorqueuses commençaient a opérer et l'auto étaient
sortie de l’eau. Dans son travail d’expert, M. Roy était aidé de MM. Amédée Roy, Alphonse Roy. son fils.J.-Hurley. M.Rochette, Paul Parent et le sergent Jeffery.
LA PREMIÈRE NOUVELLE
La première nouvelle officielle de cette tragédie est parvenue à St-Joseph de Beauce, à 1 heure 20, la nuit dernière. C’est M. l’abbé Joseph Houde, curé de la paroisse St-Joseph, qui en fut le premier prévenu par le chef des détectives municipaux. le lieutenant-détective Lauréat Laçasse.
CINQ VICTIMES
II a fallu environ 40 minutes pour remonter les corps sur les quais. Ce travail s’est effectué de minuit et quinze Jusqu’à une heure moins cinq minutes. Un groupe de quatre Jeunes gens qui avaient pris place dans une chaloupe, ont beaucoup aidé au chercheur Alphonse Roy et ses assistants pour retirer les victimes de l'automobile. Dès que le véhi cule fut retiré de l'eau, ils s'approchèrent de l’auto et travaillèrent à sortir les cadavres en s'introduisant à l’intérieur de la machine, qui se trouvait encore suspendue. Ces quatre Jeunes gens sont Rosaire Caron, d’Aiguillon; Ph. Richard, J.-P. Vemer, et Maurice Roy. Le scaphandrier Roy qui avait déjà si bien réussi son travail, dirigeait lui-même les opérations avec ses assistants cependant que les quatre jeunes gens, dans une embarcation s'approchaient du véhicule et réussissaient à pénétrer à l’intérieur pour attacher les corps et les sortir un à un.
TRENTE PIEDS D’EAU
L’endroit où la tragédie s’est déroulée compte trente pieds d’eau à marée haute et une douzaine environ à marée basse. Vers 8 heures 40, hier soir, au moment de la tragédie la marée était encore montante et elle pouvait atteindre vingt- cinq pieds environ. A minuit la marée avait atteint son niveau. Ce matin, vers 5 heures, à marée basse, des recherches ont de nouveau été entreprises pour localiser le corps de la sixième victime qui aurait pu glisser par la porte de l’automobile que l’on remontait à la surface.
LIEUX DANGEREUX
L’endroit où la tragédie s'est produite, hier soir, est reconnu comme un lieu très dangereux. Il y a deux ans, un homme et une femme avaient perdu la vie au même endroit. A l'enquête du coroner on avait fait certaines recommandations. La rue Dalhousie offre elle-même des dangers à cause de la confusion à laquelle elle prête pour les étrangers. Il n’y a d’abord aucune indication à la rue St-André pour diriger le trafic vers le centre de la ville. L’éclairage est également très défectueux. Quant aux lieux mêmes du drame, il n’y a aucune indication. Le niveau de la rue est le même que celui du quai. Il n’y a pas de barrière. L'étranger peut indifféremment prendre le côté est ou le côté ouest de la station de police. A l’est c’est le pont du havre et à l’ouest, c’est le bassin.
LE CAPITAINE GREFFARD
L'assistant maître du port, le capitaine Chef Greffard, a assisté toute la soirée au travail de sauvetage. Rencontré par le représentant du Soleil, le capitaine Greffard n’a voulu faire aucune déclaration. Nous lui avons demandé s’il n'était pas à sa connaissance que lors de la tragédie, survenue à l’automne 1937, au même endroit, la Commission du Havre avait décidé d’installer une barrière ou placer des indications. “Cette question ne me regarde pas” dit-il. “Elle relève du gérant du havre de Québec”.
A LA MORGUE
Les corps des cinq victimes ont été transportés à la morgue de la maison Sylvio Marceau vers 1 heure, ce matin. C’est en présence du chef détective Laçasse et de plusieurs autres agents que les corps ont été fouillés afin de pouvoir les identifier. Le docteur Jules Mercier, qui avait déjà fait l’examen d’usage lors de la découverte des cadavres, a déclaré qu’aucune des victimes ne porte de blessures graves. Quelques uns sont blessés légèrement à la figure. MM. les docteurs J.-V. Lavoie et J.-A. Girard étaient aussi à la morgue.
LES DÉTECTIVES
C’est le lieutenant détective Lauréat Laçasse, qui avait charge de l’enquête. Il était assisté des détectives “Pat" Korrigan et Adélard Gaulin. Le chef des détectives municipaux a pris des mesures toutes particulières pour éviter l'encombrement et le transport le plus rapide possible des cadavres. Aussitôt que les victimes étaient remontées sur le quai, elles étaient lacées‘dans un panier et transportées dans le garage voisin, où le fourgon les attendait. Le travail s’opéra rondement et avec tout le respect dû aux défunts. Plusieurs agents provinciaux, notamment le sous-inspecteur Montcalm Galibois, se sont aussi rendus sur les lieux de la tragédie et ont surveillé étroitement toutes les opérations. On remarqua également parmi les agents municipaux, les détectives L. Rochette et Gérard Garneau.
LA POLICE
Aussitôt que le sergent Michael Stapleton, du poste de police No 10 eut donné l’alarme et demandé du renfort au poste de police No 1, [une soixantaine d’agents municipaux furent envoyés sur les lieux. Les agents de police ont eu un dur travail à exécuter. Il ne s’agissait non seulement d’éloigner la foule, mais il s’agissait aussi de prévenir de nouveaux accidents. A maintes reprises, les policiers ont dû faire appel à la prévoyance et au bon sens des curieux. Les agents de la police du Havre, notamment les constables N. Lessard et P. Barette et leurs confrères ont largement contribué au maintien du bon ordre et à la sécurité des gens. Ce nest que vers deux heures que la foule se dispersa. A ce moment-là, les cadavres des cinq malheureux jeunes gens avaient été transportés à la morgue de la maison Sylvio Marceau et l’automobile avait été retirée des eaux et conduite au garage Forget.
DEUX REMORQUEUSES
Deux remorqueuses, celles des garages L, Forest et J.-D. Dussault furent appelés pour sortir l’automobile qui venait de tomber à l’eau. Elles furent solidement amarrés au camion de M Léo Paré au cas d’être entraînées et pour éviter tout autre accident. Ce travail est excessivement dangereux et demande beaucoup de précaution. Les deux remorqueuses travaillèrent ensemble. Elles commencèrent à opérer vers 11 heures 50. L’automobile fut remontée par le devant. Une demi-heure plus tard, soit à minuit et vingt, l’auto était sortie de l’eau. On commença ie sauvetage des cadavres après quoi les garagistes continuèrent leur travail. A x heure 30, l’automobile était placée sur ses quatre roues et remorquée au garage Forest.
Le 23 octobre suivant le journal Le Soleil publiait un texte sur les funérailles
- considérant la longueur de ce texte je reproduit sur la la page suivante cet extrait du soleil décrivant ces funérailles tenues à Saint-Joseph le 23 octobre 1939.