A la découverte des Moulins Seigneurials Poulin à Sainte-Famille de l'Ile d'Orléans

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Le moulin à vent, l'antique meunerie, qui semble bien oublié aujourd'hui, a vécu des heures de gloire en Nouvelle-France; non seulement des moteurs de la vie économique des villages mais aussi au coeur de la vie sociale des premiers colons. Ce texte a pour but de faire connaître celui de Sainte-Famille qui pendant près de trois siècle, avec son pair le moulin à eau situé tout près a contribué au développement de la Seigneurie et du village.

alternative descriptionAchille Panichelle 1926

Zusammenfassung

1 - A propos de l'ile d'Orléans

C'est Jacques Cartier qui, en 1535, à la vue de cette île verdoyante, la surnomme « île de Bacchus », en raison des vignes sauvages qui y poussent. Mais bien avant l'arrivée des Européens, les Amérindiens désignaient l'île par le mot algonquin « Ouindigo » qui signifie « coin ensorcelé ». Au fil des ans, l'île cumula une série de noms différents. Son nom définitif, soit île d'Orléans, on le doit (encore) à Jacques Cartier qui, le 6 mai 1536, la rebaptisa ainsi en l'honneur du duc d'Orléans, fils du roi de France, François Ier. Un siècle plus tard, l'île d'Orléans est concédée à huit sociétaires français regroupés à Paris sous le nom de Compagnie de Beaupré. D'abord réunie au territoire de la seigneurie de Beaupré, l'île appartient aux messieurs de la compagnie représentés au Canada par leur procureur, Olivier Letardif. Au début de la colonisation, les colons appelés à peupler l'île sont pour la plupart originaires de la Normandie et du Poitou. L'île d'Orléans est l'un des plus anciens lieux de peuplement, une seigneurie du gouvernement de Québec en Nouvelle-France. Si l'on dit que Sainte-Famille est la plus ancienne municipalité de l'île d'Orléans alors que le seigneur Charles de Lauson de Charny y amène 14 habitants sur son domaine, l'arrivée des premiers défricheurs remonte vraisemblablement à 1648. Un petit nombre s'installe à la pointe occidentale "qui regarde Québec"; quelques uns se fixent à l'entrée de la rivière Maheu (aux limites aujourd'hui de Saint-Jean et Saint-Laurent) et d'autres encore iront occuper les bords de la 'rivière du Moulin' (aujourd'hui Chemin du Moulin à Saint-François sur les bords de la rivière Dauphine). De nos jours on trouve sur l'île de nombreuses fermes ainsi qu'une importante concentration de maisons de pierres datant du régime français; plus de 600 bâtiments sont reconnus par le gouvernement du Québec, comme ayant une grande valeur patrimoniale, dont la plus ancienne église rurale de la Nouvelle-France à Saint-Pierre. Le recensement de 1685 dénombra 1 205 insulaires et 917 têtes de bétail. Longue de 34 km et large de 8 km, elle compte en 2016 environ 6 900 habitants, répartis dans 6 villages. (Marco Fortin - Patrimoine bâti de l'ile d'Orléans et Béatrice Chassé).

2 - L'histoire du moulin

Deux siècles d'occupation et un chemin encore visible marquent les tout début de l'enracinement de la population sur l'ile et de la construction du moulin à Sainte-Famille. L’histoire des moulins à farine de l'ile, comme partout ailleurs en Nouvelle-France se confond avec celle des seigneuries et le besoin des paroisses à moudre le grain rapidement.

2.1 - Arrivée de Louis Poulin à Sainte-Famille et opération du moulin

Seigneuries de l'Ile d'Orléans et les moulins de St-Famille aux environs de 1820

À l’Ile d’Orléans. Un arrière-petit fils de Claude (l'ancêtre Claude Poulin), Louis Poulin, meunier de son métier originaire du Château-Richer allait se fixer définitivement à Sainte-Famille vers 1766 (note généalogique: Louis Poulin). Quelque quarante ans plus tard, soit le 12 février 1805, son fils Louis (note généalogique: Louis Poulin) acquérait la seigneurie de l'ile du capitaine Malcom Fraser (et D. Juliana Fraser) dont il avait été le procureur pendant longtemps (Ref: Turcotte et voir la note 1 pour un résumé de l'historique de possession de la seigneurie) qui l'avait acquis de James Murray en 1779. La Seigneurie comprenait les paroisse de Sainte-Famille et de St-Jean et Louis devenait le premier seigneur Poulin (le 3ième à s’appeler Louis dans la descendance), il était marié (en 1798) à Marie-Anne Létourneau, et à qui revient l’honneur de compter parmi ses enfants le premier prêtre (note 2) et le premier médecin du nom de Poulin, descendant de Claude. Le seigneur Louis Poulin et son épouse auront élevé leur famille dans le moulin à eau de l'endroit. La seigneurie passera ensuite successivement entre les mains d'Alexandre (note généalogique: Alexandre Poulin) et de son fils Louis; à cet effet on note quelques contrats signés en 1862, 1865 et 1867 par "Alexandre Poulin, Seigneur à St-Famille" impliquant des transactions immobilières notariées par Pierre Gosselin, notaire à l'Ile d'Orléans. Par ailleurs, Les Cahiers du Patrimoine (MRC Ile d'Orléans, en Ref.) fait mention que c'est Abel Turcault (1631-1687) qui aurait été le premier meunier de ce moulin banal administré par plusieurs seigneurs — Abel Turcault aura été bel et bien meunier à l'ile et résident à St-Famille selon cet extrait généalogique [LIEN], mais a t-il vraiment opéré le moulin?

Agrandir l'image. Pascal Poulin, descendant du Seigneur Louis Poulin. de St-Famille.

A titre d'exemple on peut lire sur cet extrait provenant du Fonds des contrats notariés de l'Institut Généalogique Drouin le nom des personnes en cause. En 1840 un autre contrat du même notaire impliquait Louis Poulin. En 1934 c'est le fils de Louis, Alfred qui est à son tour meunier et propriétaire depuis 1889; il fut broyé à mort dans le moulin à eau le 29 septembre 1934, il a 73 ans. Pascal succéda à Alfred mais je ne sais pas quant au titre de propriété exact, ni si le moulin était encore exploité - selon Dionne (2020), l'année 1934 fut la dernière année d'exploitation du moulin. Tous les Poulin de l’Ile d’Orléans étaient des meuniers, ou bien des cultivateurs comme le sont encore les quelques familles Poulin de cet endroit.

2.2 - Époques de construction et occupation

Ainsi selon les informations recueillies le site occupé par les meuniers Poulin sur quatre générations [ VOIR CES 4 GÉNÉRATIONS ] comprenait plus d'un moulin, en fait on y aurait construit deux moulins à vents et deux moulins à eau à différentes époques. L'information du Tableau 1 provient de la revue Autour de l'Ile (citation complète plus bas) ainsi que des documents de Dionne (2020), Béatrice Chassé, L.P. Turcotte et Marcel Trudel cités en référence. Par ailleurs, dans les livre intitulé Ile d'Orléans publié en 1928 par la Commission des Monuments Historiques de la Province de Québec (592 pages), on s'interroge sur le premier moulin banal bâti à l'ile d'Orléans, la réponse donnée apparait en Note 1.1. Et à propos de la ' banalité ' des moulins à l'ile d'Orléans, voir la Note 5 - Banalité..

Tableau 1. Des moulins à St-Famille et ailleurs sur l'ile

  
Désignation Type de construction Années Détail
Premier moulin à vent à Sainte-Famille Type en colombage [1] 1668 Construit¹ à la demande du Seigneur Charles de Lauzon de Charny, fils du gouverneur Jean de Lauzon par Charles Pouliot, maître charpentier (Dionne 2020 relève ce contrat de construction rédigé le 8 aoùt 1664). Charles de Lauzon est alors le véritable colonisateur du côté nord de l'île. Quatre ans plus tôt, son père lui avait concédé les arrière-fiefs de Charny et de Lirec ( *Référence à la Carte des fiefs en bas de tableau); ces superficies correspondent aujourd'hui aux paroisses Saint-Pierre (en partie) et Sainte-Famille.

Le moulin fut en opération jusqu'en 1683. Par ailleurs, en 1668, il fait construire un deuxième moulin à vent sur le Domaine du seigneur de Beaupré, au lieu dit l'ARBRE SEC². Pendant tout le XVIIe siècle, ce bâtiment est le seul du genre accessible aux habitants de la côte sud. En 1718, la vieille tour du "moulin de l'Arbre Sec" existe encore dans la paroisse de Saint-Laurent; ce sera le lieu de la future église de Saint-Laurent.

— ¹Toujours à propos de ce premier moulin à vent, il est à souligner que le juge J. Camille Pouliot, dans son livre intitulé l'Ile d'Orléans 1865-1935 (en Réf.), mentionne que le 26 février 1668, en son Evêché, Mgr de Laval passait un contrat notarié avec un maitre charpentier [nommé Charles Pouliot] pour la construction d'un premier moulin banal actionné par le vent à l'endroit choisi par lui dans les limites de la seigneurie dans le fief de Lirec. - Il faut donc comprendre que se serait à la demande de Mgr Laval que le moulin fut construit; à noter aussi que selon Roy et al. (en Ref.), M. de Lauzon de Charny disposait en faveur de Mgr de Laval le 2 septembre 1666 de son fief de Lirec qui était alors la dernière terre qui l'attachait à l'ile d'Orléans. — A ce moment, le moulin à vent n'est pas connu sous le nom de "Moulin Poulin" mais le moulin à eau qui suivra au même endroit (puisque aucune preuve documentaire ne prouve qu'il l'ait précédé) le sera. Il est mentionné que le moulin fut loué et occupé par C. Pouliot en 1669 pour une période de 5 ans. — ² . L'Arbre Sec est une toponymie aujourd'hui disparue. C'était un lieu-dit en usage au xviie siècle; le village de Saint-Laurent était situé à ce lieu-dit. II donna par extension Saint-Paul-de-L'Arbre-sec à cette époque

Premier moulin à eau à St-Famille Type en pierre 1679 Le premier moulin à eau de St-Famille est construit à la demande du comte de Saint-Laurent, François Berthelot. Dans Dionne (2020), on apprend que le cours qu'une rivière a été détournée (par le sieur Gaillard) pour l'utilité du moulin à eau de Sainte-Famille, le nom n'est pas mentionné. Plus tard, vers 1700, il fait élever un autre moulin à eau sur la rivière Dauphine [2], aux limites de Saint-Jean et de Saint-François. Cette rivière doit son nom au fait que le comte Berthelot agissait comme "Secrétaire de Deffuncte Madame la Dauphine", appellations subséquentes connues sous les noms Delphine, Bellefine ou Dolphine. Photo: voir la section Autres Photos et Plans .
Deuxième moulin à eau à St-Famille Type en pierre 1723 à 1939
En 1712, l'ex-procureur de François Berthelot, Guillaume Gaillard, se porte acquéreur de l'île et du comté de Saint-Laurent et ajoute deux moulins à eau sur l'île: tout d'abord celui de Saint-Laurent construit en 1716 (photo: voir la section Autres Photos et Plans), et celui de Sainte-Famille, érigé vers 1723. Au décès du comte en 1729, ses moulins fonctionnent à plein et les abondantes moissons de blé apportent une certaine aisance aux habitants de l'île pendant cette période et jusqu'aux environs de 1739, du moins pour le moulin de St-Famille, date estimés de la démolition de ce moulin. Par ailleurs, de son vivant, Guillaume Gaillard mentionne dans un rapport de 1718 l’existence d’un moulin à eau et d’une vieille tour de moulin à vent à Saint-Laurent [3]. Le dénombrement de 1725 fait également état d’un moulin à eau en pierres et l’inventaire de 1730 en précise les dimensions : il a deux étages, plus un grenier et il est couvert en bardeaux. Photo: voir la section Autres Photos et Plans .
Deuxième moulin à vent à Sainte-Famille [4] Type en pierre 1841-1847 et aujourd'hui (vestiges)
Ce serait le moulin tour à trois niveaux dont les vestiges persistent encore aujourd'hui et qui aurait été occupé successivement par Alexandre Poulin à partir de 1841 et son fils Alfred Poulin jusqu'en 1934 au moment où il décède accidentellement dans le moulin à eau. Selon Dionne (2020) un acte de donation datant de 1884 cède le moulin à eau à Alfred Poulin, il n'est alors pas fait mention du moulin à vent. Plusieurs photos dans l'Album photos mentionné plus bas. Bien qu'aucune information nous permette de le confirmer, il est probable que ce moulin encore visible aujourd’hui soit sur le site même du moulin du seigneur de Lauzon Charny. Dans Les Cahiers du Patrimoine - Saint-Famille de l'Ile d'Orléans (MRC de l'Ile d'Orléans, en Ref.) on fait la mention suivante : « L’ancien moulin à vent de l’Île d’Orléans, implanté sur le territoire de Sainte-Famille, aurait été édifié vers 1668 sur une terrasse près du fleuve... Il ne reste aujourd’hui que les ruines du cylindre en pierre de ce moulin à farine, le toit et le mécanisme interne ayant disparu. Moins de vingt structures de ce type existent encore aujourd’hui à travers tout le Québec. » — A la lumière des informations mentionnées dans le présent document on peut présumer que cette affirmation est peut-être erronée puisque les vestiges actuels dateraient selon Chassé (op cit) des années 1841-1847, ce qui n'a jamais été corroboré par un document quelqconque ou validé. A noter que Dionne (2020) ne fait pas mention d'un deuxième moulin à vent construit à Sainte-Famille, du moins il ne relève aucun contrat ou document notarié à cet effet jusqu'à liquidation des biens des propriétaires Poulin.

*Carte des fiefs et toponymie de l'ile d'Orléans. Voir ce [LIEN].

‡ : Hormis les moulins de Sainte-Famille et des mentions au tableau pour Saint-Laurent et de la rivière Dauphine, on note la présence d'autres moulins encore sur l'ile. Ainsi et du moins jusqu'en 1656, il y a la présence d'un moulin à eau au fief Argentenay pour y moudre la farine. Le moulin est localisé sur une parcelle du Domaine du seigneur, donnant sur le côté Nord de l'ile jouxtant la terre de Jean Amoury et accessible par le Rang Nord ou Chemin du Domaine, aujourd'hui Chemin du Moulin, s'arrêtant à la rivière du Moulin. A propos d'un moulin à Argentenay il faut toutefois noter la mention de C. Pouliot (en Ref.) qui affirme qu'il n'y a pas de moulin banal dans l'arrière fief d'Argentenay avant 1716 date à laquelle est vendu au seigneur de cette terre une parcelle de terrain sur le bord de la rivière Argentenay dans le but d'y construire un moulin. — D'autre part, l'historien Martin Fournier (en ref.) mentionne que le seigneur (et chirurgien) Jean Mauvide, vers 1750, afin d'accroître l'efficacité des équipements les plus rentables de sa seigneurie, comprenant les paroisses de Saint-Pierre et de Saint-Laurent, soit les moulins à eau de Saint-Laurent et de Saint-Pierre (moulin dit Moulin Plante sur le Chemin du Moulin et installé sur le bord de la rivière du Moulin à Saint-Pierre), qui lui appartenaient, et qui ne pouvaient fonctionner à longueur d'année, ni même durant toute la saison douce faute d'un débit d'eau suffisant, fit construire un moulin à vent à côté de chacun de ses moulins à eau, un à Saint-Pierre et un à Saint-Laurent. Fournier mentionne aussi qu'à la lecture de l'inventaire de 1786, pourquoi le moulin de Saint-Pierre était tant convoité. « Il s'agit, en effet, d'un moulin en pierre à deux étages, avec deux systèmes de moulange complets, ainsi qu'un grand hangar adjacent en bois à deux étages aussi, sans compter une écurie. Quant au moulin à vent de Saint-Pierre, il est aussi en pierre, actionné par un mécanisme à huit voiles, et il est situé sur un terrain de un arpent carré, à proximité du moulin à eau; c'est aussi sur ce terrain qu'on trouve une petite maison de pierre où peut loger le meunier ».

Références aux notes du tableau:
[1]: Ce premier moulin à vent à Sainte-Famille était peut-être de type à colombage, habituellement un mur en charpente de bois dont les vides sont garnis d'une maçonnerie. Par ailleurs, Dionne (1988) mentionne que les premiers moulins construits en Nouvelle-France était de type moulin à pivot, une maisonnette à base carrée ou rectangulaire, haute de trois étages, plutôt petite par rapport à sa hauteur et soutenue par un pivot, c'est-à-dire une colonne verticale en son centre, de bas en haut, jusqu'au plancher du troisième étage. Cette structure tournait sur sa base en pierre ou maçonnerie afin d'orienter l'hélice face au vent. Toutefois les photos ou illustrations du moulin ne suggère pas ce type de construction à pivot pour le premier moulin à vent à Sainte-Famille
[2]: Selon Turcotte (en ref.) il y aurait eu deux moulins à eau à la rivière Dauphine - en même temps ou en des temps séparés?
[3]. Il pourrait s'agir du moulin au lieu dit de l'Arbre Sec mentionné plus haut.
[4]. Dionne (2020) ne fait pas mention d'un deuxième moulin à vent construit à Sainte-Famille, du moins il ne relève aucun contrat ou document notarié à cet effet.

2.2.1 - Vestiges des moulins à vent et à eau de Sainte-Famille

Le premier moulin à vent de Sainte-Famille, construit en 1668 par le charpentier Charles Pouliot (voir le détail ci-après) n'existe plus aujourd'hui sauf peut-être sa fondation incertaine en pierre (Archéotec (2008), il en serait de même pour le premier moulin à eau bâti lui aussi de colombages vers les années 1679 (source selon un acte de vente du 3 mars ou mai 1679 de François Paré au comte François de Berthelot) (note 3). Par contre il y eu un temps où un deuxième moulin à eau subséquent au premier (et dont aujourd'hui il ne resterait que des ruines) ait opéré en même temps que le second moulin à vent en pierres édifié sur le site. Les vestiges de ce second moulin à vent que l'on désigne communément aujourd'hui moulin Poulin (l'on a aussi désigné le second moulin à eau 'moulin Poulin') subsistent encore aujourd'hui. Il est mentionné et photographié entre autres sur le site Web de 'Patrimoine du Québec' (voir en référence). Comme le montrent les photos qui apparaissent sur les pages de ce document les vestiges de ce moulin sont constituées aujourd'hui du mur rond soutenu par quelques poutres intérieures et d'attaches extérieures ajoutées (par les propriétaires du lieu) pour le solidifier et empêcher qu'il ne s'écroule. En 1972, des démarches de classement pour le désigner comme bâtiment patrimonial furent entreprises auprès du Gouvernement mais sans succès. Le lieu des vestiges et de l'ensemble des autres bâtiments ayant existé sur le même site est difficilement accessible car privé (note 4) et à l'écart du Chemin Royale à Sainte-Famille. Une ancienne carte montrée dans l'album photo (albums Genepoulin) montre l'emplacement du site à Sainte-Famille ainsi que la mention 'Moulin à vent bâti par Charles Pouliot en 1668'.

2.2.2 - La petite histoire du moulin alentour de Charles Pouliot, son bâtisseur

Charles Pouliot est un homme de métier, maître charpentier et agriculteur né en 1628 à Saint-Côme-de-Vair (Sarthe, Maine, France), il s'établit à Sainte-Famille puis à Saint-Laurent-de-l'Île-d'Orléans dont il est l'un des pionniers. Il épouse Françoise Meunier dans la seigneurie de la Côte-de-Beaupré en 1667; de cette union naissent 11 enfants de 1668 à 1686 dont Charles Pouliot (marié à Marie Chabot), Antoine Pouliot (marié à Marie-Louise Chabot), Jean Pouliot (marié à Madeleine Audet), Françoise Pouliot (mariée à Joseph Chabot), Jeanne Pouliot (mariée à Joseph Audet), André Pouliot (marié à Marguerite Chabot) et Marguerite Pouliot (mariée à François Manseau). Ancêtre de tous les Pouliot d'Amérique, il est le constructeur du premier moulin à farine de l'île d'Orléans en 1668 et de celui de la seigneurie de Saint-Augustin de Desmaures - et encore vers la même époque Mgr François de Laval fait appel à ses services pour réparer la charpente d’un autre moulin banal de l’île. Au recensement de 1681, ils sont établis sur la paroisse de Saint-Laurent, dans l’île d’Orléans. Ils cultivent six arpents et possèdent cinq bêtes à cornes. Charles fait vivre sa famille surtout de son métier de charpentier. Il travaille même à la réparation de la cathédrale de Mgr de Laval. Charles est inhumé le 6 août 1699 au cimetière de Saint-Laurent. Sa maison construite en 1665 à Saint-Laurent-de-l'Île-d'Orléans était encore occupée par l'un de ses descendants en 2003. Il décède en 1699 à Saint-Laurent-de-l'Île-d'Orléans. En 1729, il avait 98 descendants connus [Sa généalogie disponible ici avec son épouse Françoise Meunier].

Le texte suivant est un extrait tiré des pages 32 à 35 du livre de J.-Camille Pouliot, Juge à la Cour Supérieure. Glanures historiques et familiales. L’Ile d’Orléans, par J.-Camille POULIOT, Juge à la Cour Supérieure, Québec 1927. - (cité par Yolande Pouliot) - voir l'album photos dont on fait référence en bas de page pour la localisation de ce moulin sur une carte de la seigneurie à Sainte-Famille.

« En 1668, la population de l’Ile comprenait 471 âmes; elle était donc plus considérable que celle de Québec. Il importait par conséquent de pourvoir à la subsistance des colons en leur fournissant les moyens de se procurer de la farine. Le 26 février 1668, en son évêché de Québec, Mgr de Laval passait avec un maître-charpentier un contrat notarié pour la construction d’un moulin à vent, dans la limite de la seigneurie, à l’endroit dont il se réservait le choix. Les travaux devaient être terminés en septembre 1669 et exécutés selon les règles de l’art par l’entrepreneur, puisque l’acte spécifiait « qu’il sera tenu de le rendre moulant et faisant farine, au dire des gens experts et à ce connaissant ».

« C’est ainsi qu’en 1668, fut érigé dans le fief « Lirec » (s’étendant du fief d’Argenteney au fief Gourdeau dit Beaulieu, sur le versant nord de l’Ile), le premier moulin banal, actionné par le vent. Si, comme d’aucuns le prétendent, un premier moulin mû par l’eau avait préexisté, n’est-il pas à croire que l’acte ci-dessus relaté en eût fait mention? D’ailleurs, rien ne démontre qu’il se trouvait dans la colonie des personnes versées dans l’exploitation des forces hydrauliques, tandis que les notions de l’utilisation des vents, (comme la chose se pratiquait communément en Europe, en Hollande spécialement) pour la mouture des grains, étaient généralement répandues même au Canada ».

Et encore

« Vu l’accroissement de la population et la surabondance des récoltes, l’on construisit au pied de la falaise, à proximité de ce dernier moulin à vent, un moulin auxiliaire actionné par la force motrice du petit cours d’eau qui descendait de la montagne. (Note : Ce moulin est indiqué sur le plan de Sr de Catalogne en 1709, comme le moulin du Comte de St Laurent). Tant qu’une preuve documentaire n’aura pas démontré que le moulin « Poulin » a existé avant le moulin à vent, nous persisterons à croire, appuyé sur le contrat authentique trouvé dans les Archives de Québec, que le premier moulin seigneurial érigé dans l’Ile fut ce moulin à vent et que le constructeur fut Charles Pouliot». On conçoit facilement que ses descendants, de la septième génération, se glorifient de compter comme leur premier ancêtre canadien celui qui édifia sur le sol de l’Ile d’Orléans le tout premier moulin à farine. Les livres de compte tenus par le procureur du Séminaire de Québec font foi que ce Charles Pouliot fut le premier usinier de ce moulin, qu’il aurait loué, en 1669, à raison de 200 L pour cinq ans ». (Note: selon Mgr A. Gosselin).

Il semblerait, selon une autre information glanée aux vieux comptes du Séminaire, que ce n’est qu’en 1674 et 1675 qu’un autre moulin (un deuxième à ce moment) aurait été construit, du côté nord de l’Ile; Charles Pouliot y est mentionné comme ayant alors fourni, pour ce moulin du nord, un rouet et un arbre de transmission.

En Annexe on peut voir le tableau fait par Dionne (2020) qui résume les propriétés successives et l'ensemble des constructions, réparations et achats colligés aux travers les actes notariés et plusieurs autres documents en ce qui concerne les moulins à farine et les meuniers à Saint-Famille, Île d’Orléans, pour la période 1664-1935. A partir de 1666 les meuniers se succèdent, Albert Turcot, Pierre Bissonnet, David Létourneau, Charles Pouliot, Pierre Langlois, Louis Nadeau et finalement Louis Poulin et descendants (Joseph, Alexandre, Alfred) de 1764 à 1934. Tous les actes légaux ont été resencés par l'auteur et présenté comme tel dans son étude.

3 - Mécanisme du moulin à vent de Sainte-Famille

Bien qu'on aie pas de plan du mécanisme du moulin à vent de Sainte-Famille on peut supposer qu'il s'apparentait à ceux construit en France à la même époque et ensuite un peu partout en Nouvelle-France, une technologie importée en même temps que les colons eux-mêmes, française comme eux.

Agrandir l'image.Schéma d'un moulin à tour (Miville-Deschênes)

Dionne (1988) mentionne deux types de moulins à vent présent en Nouvelle-France, le moulin à pivot, à base carré, et le moulin à tour; celui de Sainte-Famille est un moulin à tour, formé d'un gros cylindre creux en maçonnerie supportant une toiture conique. Il n'existe plus aucun vestige des moulins à pivot au Québec. La figure suivante est tirée de l’ouvrage de Gagnon et Paradis, La Tournée des vieux moulins à vent du Québec. C'est l'illustration du mécanisme d'un moulin à vent typique, un assemblage de pièces en bois robuste qui demande vraisemblablement beaucoup d'entretien, le moulin tournait souvent, la force venant du vent, au-dessus de la trémie, qui actionne le rouet et les meules du haut vers le bas; un mécanisme à toute fin utile plus complexe que celui d'un moulin à eau. Ce mécanisme est absent des vestiges du moulin Poulin, même les meules en pierre n'y sont plus. Pendant un siècle et demi, les moulins ont toujours été construits de la même façon et suivant le mêmes règles, ou à peu de chose près, suivant l'ingéniosité des constructeurs du temps.

Les illustrations suivantes montrent une coupe schématique d'un moulin-tour typique tel qu'aurait été le moulin à vent de Sainte-Famille et à l'intérieur la disposition des organes mécaniques de ce type de moulin. Dans ce mécanisme il est possible de distinguer les poutres de travers sur deux niveaux, en haut vis-à-vis l'arbre de couche (no 7 sur la figure) sur le chemin tournant et au bas pour soutenir les meules tournantes (no 13 et14) et le premier plancher. Les photos prisent en 2009 par Monique Bellemarre laissent deviner ces structures sur les vestiges du moulin. C'est le chemin tournant qui permet de faire tourner plus ou moins aisément à la main à l'aide d'une pièce de bois appelée la queue (no 2) la toiture toute entière pour orienter l'hélice face au vent. Quant au mécanisme d'engrenage il a finement évolué au cours des âges jusqu'à l'utilisation de dents en métal sur le rouet (no 5) et la lanterne (no 8), ce que n'a pas connu le moulin de Sainte-Famille.

4 - Reconnaissance et conservation

Pour citer Normand Gagnon de la revue Autour de l'Ile (op. cit.) « Selon l’archéologue Daniel LaRoche, cité par Béatrice Chassé dans son étude historique des moulins de Sainte-Famille, il s’agirait là de l’ensemble technologique le plus important de l’île d’Orléans, étant donné la présence [actuelle] de deux moulins, l’un à eau, l’autre à vent, en plus de celle de bâtiments secondaires (maison, grange, hangar... ). » Dans le même texte on fait part de l'intention de la municipalité en 2012 de faire revivre le site avec l'aide d'une fondation et d'organismes communautaires, mais tout laisse croire qu'en 2019 rien n'a encore été fait. Par ailleurs il apparaît qu'une subvention du Ministère de la Culture serait impossible à obtenir parce que le site se trouve sur un terrain privé (cette information est à confirmer). Dans le Plan de Conservation du site patrimonial de l'Ile d'Orléans publié en 2017, il n'est pas fait mention du site et des moulins sinon pour souligner très brièvement dans un tableau que le moulin à eau pourrait être l'objet d'une étude potentielle et d'un relevé. Par ailleurs, dans l'Encyclopédie du patrimoine culturel de l'Amérique française on écrit: « Néanmoins, la place que tient l’île d’Orléans dans la culture québécoise ne semble pas constituer une garantie absolue de sauvegarde puisque le moulin Poulin à Sainte-Famille (érigé dans les années 1840) est considéré en état de perdition et ne bénéficie à ce jour d’aucune reconnaissance en tant que bien culturel, malgré des recommandations répétées en ce sens » (ameriquefrancaise.org).

5 - Annexes

Photos du moulin, plan et cartes de localisation, tableau de Dionne (2020)

5.1 - Photos et plans

alternative description
Photographie du moulin qui parait dans le livre de J.C. Pouliot (en Réf.) avec la légende au bas "Moulin à vent de Sainte-Famille 1668". Et dans le texte on dit « ... dont on revoit encore la masse imposante au bord de l'eau ... ce moulin était une construction compacte au mur épais, en forme de rotonde, munie de deux portes et pourvu d'une seule lucarne dans le toit - des enfoncements creusés dans les parois des murs à mi-hauteur de l'édifice, mesurant bien vingt-cinq pieds de hauteur indiquent qu'une forte charpente traversait la tour à deux étages ».

alternative description Paru dans la revue Cap_diamant en 1989, une photo du moulin à vent sur la terre de Pascal Poulin (année de photo n.d.). La légende dit: Construit au XVII' siècle à Sainte-Famille, ce moulin à vent s'élève aujourd'hui sur la terre de Pascal Poulin (Archives nationales du Québec). Note: cette photo semble bien montrer le même moulin que celui paru dans le livre de Pouliot (en Réf.), sans sa lucarne, mais dont il subsiste une trace sur le toit.

alternative description Moulin Poulin - à eau. Il s'agirait du premier moulin à eau édifié en colombages vers 1679, après le moulin à vent construit par Charles Pouliot en 1668 - le bâtiment aurait pu aussi servir de logis. Voir d'autres bâtiments dans l'album photo. Photo prise par Émile Dupuis (Au temps des sucres) 1907.

alternative description Vestige actuel du moulin à vent construit entre 1841-1847

alternative descriptionExtrait d'une carte de l'ile d'Orléans "mesurée tres exactement en 1689 par le Sieur de Villeneuve ingénieur du Roy" qui montre l'emplacement du moulin. A ce lieu, un moulin à eau est identifié comme appartenant à Mgr le Comte de St-Laurens (orthographe incertaine), et les résidence tout près sont celles de Hipolite petit Vierge, Jacques Jaban dit Laviolette. Vous trouverez plusieurs autres documents à la section ci-après Autres photos et plans

Agrandir l'image.Page extraite du journal communautaire de l'ile d'Orléans Autour de l'Ile, Volume 16 No 8, Août 2012



5.1.1 - Autres photos et plans

Album photos Moulins. Photos montrant différents moulins de l'ile d'Orléans dont ceux de Sainte-Famille.
Une trentaine d'autres photos des moulins de l'ile d'Orléans et cartes localisant la Seigneurie Poulin à l'Ile d'Orléans
dans l'Album Genepoulin. Voir le lien suivant: Moulin Poulin Ile d'Orléans. Voir la Note 4 pour la localisation sur carte géoréférencée. On peut aussi y voir des photos relatives au moulin Saint-Laurent, à celui construit sur le Chemin du Moulin à la rivière Dauphine (aux limites de St-Jean et St-François), pour le moulin Plante à St-Pierre, construit au XVIIIe siècle et détruit par le feu en 1931, ainsi que pour le "Moulin Gagnon" à St-François dont je ne possède aucune autre information.




5.2 - Généalogie

Le lien suivant vous dirige vers la généalogie Genepoulin et montre le lien de parenté qui existe entre la descendance de Linière Poulin (de la Beauce) et celle de Louis Poulin, Seigneur de Sainte-Famille à l'Ile d'Orléans. Parenté avec Louis Poulin Seigneur de St-Famille

Pour connaître l'ascendance du dernier Seigneur de St-Famille, Alexandre Poulin voir ce [LIEN].

5.3 - Références

A noter que certaines références citées ci-après sont disponibles en lecture sur la page du Forum (et nouvelles)

5.4 - Notes

Note 1. Selon l'inventaire des concessions, fois et hommages et aveux et dénombrements du FIEF ET SEIGNEURIE DE L'ÎLE D'ORLÉANS, le 12 février 1805, il est mentionné: « Acte de vente de Patrick Langan, ci-devant de Montréal, demeurant présentement à Québec, au nom et comme procureur de Malcolm Fraser, demeurant à Mount Murray, et de dame Julianna Fraser, sa femme, maintenant à Montré.al, à Louis Poulin, meunier, demeurant au moulin de la Sainte-Famille, de la "moitié de l'île et comté de Saint-Laurent en l'île d'Orléans, consistant dans les paroisses Sainte-Famille et Saint-Jean, avec les moulins dessus construits, bâtiments de quelques dénominations qu'ils soient, droits seigneuriaux et autres revenus quelconques avec les honneurs, droits, privilèges et prérogatives y annexés sans du tout en rien excepter, réserver ni retenir en aucune manière que ce soit" (Greffe Joseph Planté) ». Ref: patrimoinequebec.ca

Malcom Fraser est officier dans l’armée et dans la milice, seigneur et fonctionnaire, né le 26 mai 1733 à Abernethy, Écosse, fils de Donald Fraser et de Janet McIntosh ; décédé le 14 juin 1815 à Québec et inhumé cinq jours plus tard dans le cimetière St-Matthew, rue St-Jean à Québec. C'est en 1762 que Fraser devient propriétaire de la seigneurie (acquis ou loué du Gouverneur James Murray ) d'une partie de la seigneurie de l’Île-d’Orléans comprenant la paroisse de la Sainte-Famille et la paroisse Saint-Jean. (Dictionnaire biographique du Canada). — Dans le livre Ile d'Orléans paru en 1928, publié par la Commission des Monuments Historiques de la Province de Québec, on résume la possession de la seigneurie de ses débuts jusqu'en 1928 : « ... Quant à l’autre partie de la seigneurie de l’île d’Orléans, c’est-à-dire les paroisses de la Sainte-Famille et de Saint-Jean, les héritiers de Jean-Baptiste Gaillard la vendirent, le 6 juillet 1764, à James Murray, lieutenant au huitième Régi­ment. Elle passa ensuite à Malcolm Fraser (10 mars 1779), puis à Louis Poulin (12 février 1805). A ce dernier succéda Alexandre Poulin (1884), puis Alfred Poulin (1891). Elle est aujourd’hui la propriété de madame veuve Jean Delisle. »

Note 1.1 Quand fut bâti le premier moulin banal de l’île d’Orléans ? Le marché suivant passé le 8 août 1664 entre M. de Lauzon, seigneur de Charny, et Charles Pouliot, maître charpentier, répond, croyons-nous, à cette question: “

Pardevant Michel Fillion n-ore royal en la Nouvelle-France et tesmoings soussignés, furent présents en leurs per­sonnes Me Charles de Lauzon, seigneur de Charny, prestre, d’une part, et Charles Pouliot, Mtre charpentier, d’autre part, lesquelles partyes de leur bon gré ont recognu et confessé avoir fait le marché et accord qui ensuit c’est à sçavoir que le d. Pouliot s’est obligé de faire, travailler et construire un moulin à vent et tout ce qui dépendra de son métier, iceluy moulin estre mis et levé en l’isle d’Orléans au lieu qu’il luy sera désigné sçavoir le premier estage du d. moulin de colombage de huit pouces d’espaisseur tant plein que vuide en tous sens, avec les planchers et escaliers convenables et tout ce qui concernera le corps et dedans du d. moulin comme aussy s’oblige le d. Pou­liot fournir à ses frais le bois et madriers nécessaires pour fr. le vent du d. moulin, et que le d. moulin il s’oblige avoir fait et construit au mois de septembre de l’année prochaine que l’on composera 1665 et ont les partyes (?)... tout le bois néces­saire en temps et lieu pour . . . laissé sur la place, moyennant quoy le cl. seigneur de Charny s’est obligé bailler et payer au d. Pouliot la somme de mil livres tournois en espèces en bon argent monnayé ou castors au prix courant. Car ainsy, etc., Promettant et obligeant, etc., chacun en droit soy, etc. Re­nonçant, etc. Fait et passé à Quebecq en le lieu où demeure le d. sieur de Charny l’an mil six cent soixante quatre, le huitième jour d’aoust avant midy en présence de David L’Estourneau et Jacques Raté, tesmoings qui ont signé avec les partyes et moy notaire, et le d. Pouliot a déclaré ne sçavoir escrire ny signer de ce interpelé suivant l’ordonnance

Où se trouvait le moulin à vent bâti par le sieur Pouliot en 1664 ? Pour nous, la seigneurie de Charny était comprise dans le territoire actuel de la Sainte-Famille. Il existe encore un vieux moulin dans cette paroisse. Mais nous ne pouvons en faire remonter l’origine à 1664. D’après le marché reçu par le notaire Fillion le 8 août 1664, le moulin que le charpen­tier Pouliot s’engageait à construire devait être en bois. Le moulin actuel (du moins ce qu'il es reste) de la Sainte-Famille est en pierre. Il n’est pas impossible, toutefois, que le moulin d’aujourd’hui soit sur le site du moulin du seigneur de Lauzon Charny.

Note 2. L'abbé Louis Poulin né à Saint-Famille, Ile d'Orléans, 13 novembre 1798, de Louis Poulin et Marie-Anne Létourneau. Etudes à Québec, ordonné prêtre en 1824. D'abord vicaire à l'Assomption (1824) à Ste-Geveniève, à Saint-Hyacinthe (1824-27), à la Baie Saint-Paul (1827-29). Curé de St-Joseph (1829-43), curé de Saint-Isidore (43-71) où il construisit l'église (1852) et où il décède le 8 décembre 1883.

Note 3. Les seigneurs et seigneuresses qui régneront sur l'île, de François Chavigny de Berchereau à Éléonore de Grandmaison jusqu'aux seigneuresses Drapeau, s'occuperont tour à tour d'habiter ce territoire. L'île d'Orléans sera rattachée à la seigneurie de Beaupré jusqu'en 1675, moment où M" François Montmorency de Laval l'échange contre l'île Jésus. François Berthelot, le nouveau seigneur, ne vient jamais en Nouvelle-France mais il réussit quand même à recevoir du roi, en 1676, les lettres d'érection pour transformer sa seigneurie en comté. Guillaume Gaillard rachète l'île en 1712, et elle restera dans cette famille jusqu'en 1752. La moitié occidentale devient la propriété du chirurgien Jean Mauvide puis de Joseph Drapeau en 1800. Les héritiers Drapeau la conserveront jusqu'à l'abolition du système seigneurial en 1854. L'autre moitié sera achetée par le gouverneur James Murray, en 1764, qui la vend à son procureur en 1779. Ce dernier s'en départit au profit de son meunier Louis Poulin, et c'est la famille Poulin qui en restera propriétaire jusqu'en 1854 (Lafond 1997. En Ref. ).

Note 4. Localisation: Le moulin à vent (tout le site) est situé face au 2360 chemin royal (voisinage Ferme Poulin-Turcotte). Avant 1980 la terre où est localisé le vestige du moulin et des alentours qui témoignent de l'occupation du passé était la propriété de Gabriel Turcotte et de Pierrette Létourneau. C'est aujourd'hui la terre de Suzanne Poulin et Marjolaine Turcotte. Localisation sur Google Map. Coordonnées: 46.966238,-70.974335

Note 5. La ' Banalité ' des moulins de l'ile. Sous l’ancien régime, on appe­lait moulin banal le moulin au­ quel les censitaires et autres étaient obligés de porter ou d’en­voyer moudre leurs grains 'sous certaines peines. Un auteur de droit explique ainsi comment la banalité des mou­lins s’est formée en France: “Les seigneurs,’’ dit-il, “ont composé avec leurs vassaux. Ils leur ont dit : “La construction et l’entretien d’une usine aussi dis­pendieuse entraînent des dépenses au-dessus de vos facultés. Je les ferai ces dépenses ; je m’oblige d’entretenir les moulins de la seigneurie en bon état, mais, en indemnité, j’exige que vous vous soumettiez à y moudre vos grains.” “Cette proposition acceptée, le contrat a été formé et la banalité établie (’)”. Nous ignorons si, à l’origine, les choses se passèrent aussi simplement que nous le dit cet auteur. Quoi qu’il en soit, lorsque, le 28 février 1626, le duc de Ventadour, vice-roi de la Nouvelle-France, concéda à Louis Hébert la première sei­gneurie canadienne, il y avait déjà quelques centaines d’années qu’au pays de France les seigneurs, seuls, avaient le droit d’élever des moulins à eau et à vent pour moudre le grain. Il va sans dire que ce droit féodal fut établi dans la Nouvelle-France dès le commencement de la colonie. Dans la seigneurie de l’île d’Orléans, les seigneurs princi­paux ne se prévalurent pas, tout d’abord, de leur droit à la banalité des moulins. Ils laissèrent ce privilège, moyennant considération sans doute, aux propriétaires d’arrière-fiefs. (Commission des Monuments Historiques de la Province de Québec. 1928).

A propos des moulins à farine de l'ile, Laberge et Lessard (en Ref.) mentionnent que ceux-ci ajoutent un complément indispensable à toute la production agricole. « Le droit de banalité du seigneur oblige les censitaires à recourir aux moulins seigneuriaux et d'y laisser un minot de grains pour chaque 14 minots moulus. En 1725, l'île compte trois moulins de cette nature, situés respectivement à Sainte-Famille, Saint-Jean et Saint-Laurent. Ces moulins à eau ne se trouvent pas sur les domaines mais sur des parties de censives, probablement plus propices à leur fonctionnement. Un quatrième moulin existe à Argentenay. Sa construction a fait l'objet d'une opposition juridique par le seigneur Gaillard (Guillaume Gaillard est le principal propriétaire de l'île d'Orléans en 1725) qui conteste la légitimité de cette concurrence. »

Résumé des éléments d’informations concernant les moulins à farine qui ont été exploités à Ste-Famille au cours de la période de 1664-1935 (Dionne 2020)

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Lien alternatif pour ce document (non mis à jour): A la découverte du Moulin Seigneuriale Poulin à Sainte-Famille de l'Ile d'Orléans.

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