Souvenirs irlandais et réalités montréalaises de la famille Nelligan

Dans les années 1850 quelque deux millions d'Irlandais décidèrent de quitter la terre natale, souvent à bord de cargos qui convenaient au transport du bois et du bétail bien plus qu'à celui des hommes. On se rappelait à Montréal les 7 000 Irlandais fauchés par le typhus et autant de morts dans les asiles et les hôpitaux de Québec. Pour beaucoup, leur point d'arrivée à Grosse-Isle, fut aussi leur point de départ vers l'au-delà. La tragédie la plus meurtrière des années 1847-1848 n'avait pas arrêté l'immigration irlandaise: au contraire, elle n'avait fait que l'accélérer. Et c'est justement cette nouvelle vague qui amena à Montréal Patrick Nelligan, sa femme et leurs trois enfants (20).

Au moment de l'arrivée des Nelligan, la colonie irlandaise à Montréal comptait quelque 4000 âmes. Elle était fortement concentrée autour d'une église neuve et imposante, sous l'égide de saint Patrice, évêque bittonique qui avait christianisé l'Irlande en 432. Il leur fallait s'ajuster tant bien que mal à la vie dans un nouveau contexte socio-politique. Le climat était en pleine effervescence. Certes elle était déjà lointaine l'époque des Patriotes! A Montebello, dans son manoir au bord de l'Outaouais, Louis-Joseph Papineau vivait retiré, symbole d'une lutte perdue; il allait mourir solitaire le 25 septembre 1871. Déja la Confédération canadienne se préparait. Sir John Alexander Macdonald, d'origine écossaise, conservateur, serait chef du gouvernement du premier parlement fédéral. En même temps, au Québec, dans la lignée des idées de George-Étienne Cartier, Pierre-Joseph-Olivier Chauveau deviendrait premier ministre sous la Confédération (1867-1873), suivi de Gédéon Ouimet, de Charles-B. de Boucherville et d'Henri-C. Joly.

Nous ne connaissons pas de façon bien précise les antécédents économiques de Patrick Nelligan en Irlande. On sait qu'il n'était pas riche. L'histoire nous apprend que dans la première moitié du XIXème siècle les Irlandais quittèrent par milliers la campagne et s'installèrent tant bien que mal dans la banlieue de Dublin pour échapper à l'exploitation des landlords et de leurs vassaux. Ils changèrent de milieu et de style de vie, rêvant de monter à bord d'un cargo en partance pour le Nouveau Monde. Une fois au Canada, Patrick Nelligan se retrouve dans une grande ville. À cette époque, Montréal accuse une croissance économique et démographique considérable qui se poursuivra jusqu'à la fin du XIXème siècle. Les recensements montrent que la cité et sa banlieue comptent, en 1861, 100 723 habitants. En 1871, il y en aura 126 314; en 1881, 170 745 et, en 1891, la population atteindra le chiffre d'un quart de million (21). La ville devient rapidement un grand centre industriel grâce aux produits forestiers, aux produits ferrugineux, au raffinage du sucre. La production manufacturière des chaussures, des textiles et du tabac marque un progrès notable. Les chemins de fer en pleine expansion - le Grand Tronc et le Canadien Pacifique - y concentrent leurs bureaux d'administration. Le port de Montréal favorise à la fois le commerce maritime et celui qui se fait par la voie des canaux et du fleuve Saint-Laurent (22). La ville qui initialement comprenait les quartiers du Centre, de l'Est et de l'Ouest, contigus au secteur portuaire, s'agrandit vers le nord à travers les quartiers Saint-Jacques, Saint-Louis et Saint-Laurent, s'ouvre aussi vers l'est [Sainte-Marie, Hochelaga, Maisonneuve] et s'étend également vers l'ouest [Sainte-Anne, Saint-Antoine, Saint-Gabriel, Saint-Henri]. Au moment de la proclamation de la Confédération, la rue Sherbrooke constituait à peu près la frontière au nord de la Cité. Cette limite sera très vite franchie, quand s'organisent les quartiers Saint-Jean-Baptiste, Delorimier, Parc du Mont-Royal, Ville Saint-Louis et Coteau Saint-Louis et, vers le nord-ouest, Westmount, Notre-Dame-des-Neiges, Outremont.

La population irlandaise a sa part dans cet essor de Montréal au XIXème siècle. La transformation de la métropole ne s'est pas toujours faite au profit de la population canadienne-française. Il y avait plusieurs groupes ethniques de langue anglaise qui n'étaient pas sans se quereller: les Anglais des îles britanniques, les Écossais, les Irlandais. Unis par la même langue, ils n'en abandonnaient pas pour autant leurs atavismes nationaux et religieux. Globalement cependant, l'élément anglais, en tant que bloc linguistique, resta prépondérant dans le Vieux Montréal pendant plusieurs décennies, tout en subissant des changements et des fluctuations.

L'un des changements les plus significatifs se fait au niveau de la composition ethnique. Au milieu du 19ème siècle, Montréal était culturellement et politiquement une ville britannique. De 1831 à 1865, la population est à majorité anglophone [avec un sommet de 57 % atteint en 1844]. La prépondérance britannique se retrouve aussi au conseil municipal où les décisions politiques vont dans le sens des intérêts de cette majorité. Toute l'allure de la ville est modifiée. À compter des années 1840, l'architecture d'inspiration britannique remplace graduellement, sans l'éliminer totalement, la vieille architecture française. La situation commence à se renverser vers 1865 alors que les francophones redeviennent majoritaires dans la ville. Cela s'explique par l'arrivée des ruraux canadiens-français venus travailler dans les usines, à un moment où l'immigration d'origine britannique est nettement en baisse. L'annexion de municipalités de banlieue, peuplées en grande majorité de francophones, accentuera ce mouvement. Il faudra toutefois attendre une vingtaine d'années avant que ce renversement de la composition ethnique ne se répercute au conseil municipal. Il faudra beaucoup plus de temps avant que l'image de la ville et ses principales institutions culturelles ne retrouvent leur visage français (23).

Il est important de bien avoir à l'esprit cette situation démographique et aussi tout l'arrière-plan socio-économique où se produisent les croisements de traditions ethniques et de langues qu'a connus le Montréal de la seconde moitié du XIXème siècle.

L'enfance d'Émile Nelligan se situe au sein d'une famille où deux langues et deux cultures doivent se frayer un seul chemin. Le futur poète tirera sans doute bien des richesses, mais il ne pourra éviter certains écueils, dans la recherche de sa propre identité. L'individu, on le sait, organise plus facilement sa vie dans un pays sémographiquement et culturellement monolithique. Émile Nelligan doit passer son enfance dans une cité déjà devenue une puissante métropole, et qui a un double visage: anglais et français. Il apprendra donc deux langues, se nourrira à deux cultures; mais parce que sa mère est fortement attachée aux origines de ses ancêtres, il penchera toujours davantage vers la tradition française d'un grand-père célèbre, maire de Rimouski, qu'il n'a jamais connu mais dont le souvenir demeure vivant: Joseph-Magloire Hudon.

Une fois au Canada, Patrick Nelligan doit s'intégrer rapidement à la nouvelle société. Cela va se réaliser en grande partie au sein de son groupe ethnique. Les Irlandais étaient alors très actifs à Montréal. Le traumatisme de ce peuple faisait partie de ses tristes souvenirs. Patrick Nelligan en parlait souvent, sachant fort bien qu'une ère nouvelle s'offrait à lui. Sous le Régime français, les Irlandais n'avaient jamais été au Québec que des personnages isolés. Sous le Régime anglais, ils commencèrent à venir en plus grand nombre. Le premier contingent, 105 personnes, s'installa à Rivière-Rouge [sous lord Selkirk]. La grande immigration irlandaise ne commença qu'avec le recrutement des colons par Peter Robinson: au- delà de 2 000 personnes se fixèrent en 1825 dans la région de Peterborough, ainsi appelée pour commémorer l'oeuvre du colonisateur. En 1831, le Québec comptait quelque 40 000 Irlandais catholiques fortement éprouvés par des épidémies de choléra et de typhus. En 1839 s'établirent au Canada des familles fuyant les comtés de Limerick et de Clare, elles aussi décimées par la pauvreté et les maladies. Celles qui suivirent gardèrent dans leur mémoire l'image de l'Irlande des années 1840, qui avaient été la période de la [grande famine].

Dans les années 1850 quelque deux millions d'Irlandais décidèrent de quitter la terre natale, souvent à bord de cargos qui convenaient au transport du bois et du bétail bien plus qu'à celui des hommes. On se rappelait à Montréal les 7 000 Irlandais fauchés par le typhus et autant de morts dans les asiles et les hôpitaux de Québec. Pour beaucoup, leur point d'arrivée à Grosse-Isle, fut aussi leur point de départ vers l'au-delà. La tragédie la plus meurtrière des années 1847-1848 n'avait pas arrêté l'immigration irlandaise: au contraire, elle n'avait fait que l'accélérer. Et c'est justement cette nouvelle vague qui amena à Montréal Patrick Nelligan, sa femme et leurs trois enfants (20).

Au moment de l'arrivée des Nelligan, la colonie irlandaise à Montréal comptait quelque 4 000 âmes. Elle était fortement concentrée autour d'une église neuve et imposante, sous l'égide de saint Patrice, évêque bittonique qui avait christianisé l'Irlande en 432. Il leur fallait s'ajuster tant bien que mal à la vie dans un nouveau contexte socio-politique. Le climat était en pleine effervescence. Certes elle était déjà lointaine l'époque des Patriotes! À Montebello, dans son manoir au bord de l'Outaouais, Louis-Joseph Papineau vivait retiré, symbole d'une lutte perdue; il allait mourir solitaire le 25 septembre 1871. Mais c'était aussi la fin de l'Union et le début de la Confédération qui se préparait depuis 1860 et deviendrait un fait accompli le 1er juillet 1867. Sir John Alexander Macdonald, d'origine écossaise , conservateur, serait chef du gouvernement du premier parlement fédéral. En même temps, au Québec, dans la lignée des idées de George-Étienne Cartier, Pierre-Joseph-Olivier Chauveau deviendrait premier ministre sous la Confédération (1867-1873), suivi de Gédéon Ouimet, de Charles-B. de Boucherville et d'Henri-C. Joly.

Au moment de la naissance d'Émile Nelligan, le Québec est dirigé par Joseph-Adolphe Chapleau, conservateur, dont on connaît les déboires avec Joly et Luc Letellier de Saint-Just. Jusqu'à la venue d'Honoré Mercier en janvier 1887, tous les gouvernements du Québec sont d'allégeance conservatrice, sauf celui d'Henri-C. Joly qui n'avait duré qu'un peu plus d'un an [8 mars 1878 - 31 octobre 1879]. Le Québec tend à réorganiser son agriculture, à stimuler l'exploitation forestière et le commerce, à construire des réseaux de chemin de fer et à accélérer le rythme de la colonisation. Pour ce faire, le gouvernement a besoin de l'immigration qui compense l'exode des Canadiens français vers les États-Unis. Malgré les difficultés - le scandale des Tanneries en 1874, à l'époque du cabinet Ouimet - l'Assemblée législative adopte une série de lois qui améliorent le système scolaire et les relations sociales entre les groupes ethniques. Mais la situation de la province de Québec demeure précaire et, à partir de 1874, elle devient même critique. Certes, ni Patrick Nelligan, ni son fils David ne se trouvent dans les milieux où se prennent les grandes décisions politiques. En qualité de simples fonctionnaires, ils se contentent de suivre attentivement les fluctuations économiques du pays nouveau où il leur faut mener l'organisation de leur vie.

Nous ne connaissons pas de façon bien précise les antécédents économiques de Patrick Nelligan en Irlande. On sait qu'il n'était pas riche. L'histoire nous apprend que dans la première moitié du XIXème siècle les Irlandais quittèrent par milliers la campagne et s'installèrent tant bien que mal dans la banlieue de Dublin pour échapper à l'exploitation des landlords et de leurs vassaux. Ils changèrent de milieu et de style de vie, rêvant de monter à bord d'un cargo en partance pour le Nouveau Monde. Une fois au Canada, Patrick Nelligan se retrouve dans une grande ville. À cette époque, Montréal accuse une croissance économique et démographique considérable qui se poursuivra jusqu'à la fin du XIXème siècle. Les recensements montrent que la cité et sa banlieue comptent, en 1861, 100 723 habitants. En 1871, il y en aura 126 314; en 1881, 170 745 et, en 1891, la population atteindra le chiffre d'un quart de million (21). La ville devient rapidement un grand centre industriel grâce aux produits forestiers, aux produits ferrugineux, au raffinage du sucre. La production manufacturière des chaussures, des textiles et du tabac marque un progrès notable. Les chemins de fer en pleine expansion - le Grand Tronc et le Canadien Pacifique - y concentrent leurs bureaux d'administration. Le port de Montréal favorise à la fois le commerce maritime et celui qui se fait par la voie des canaux et du fleuve Saint-Laurent (22). La ville qui initialement comprenait les quartiers du Centre, de l'Est et de l'Ouest, contigus au secteur portuaire, s'agrandit vers le nord à travers les quartiers Saint-Jacques, Saint-Louis et Saint-Laurent, s'ouvre aussi vers l'est [Sainte-Marie, Hochelaga, Maisonneuve] et s'étend également vers l'ouest [Sainte-Anne, Saint-Antoine, Saint-Gabriel, Saint-Henri]. Au moment de la proclamation de la Confédération, la rue Sherbrooke constituait à peu près la frontière au nord de la Cité. Cette limite sera très vite franchie, quand s'organisent les quartiers Saint-Jean-Baptiste, Delorimier, Parc du Mont-Royal, Ville Saint-Louis et Coteau Saint-Louis et, vers le nord-ouest, Westmount, Notre-Dame-des-Neiges, Outremont.

La population irlandaise a sa part dans cet essor de Montréal au XIXème siècle. La transformation de la métropole ne s'est pas toujours faite au profit de la population canadienne-française. Il y avait plusieurs groupes ethniques de langue anglaise qui n'étaient pas sans se quereller: les Anglais des îles britanniques, les Écossais, les Irlandais. Unis par la même langue, ils n'en abandonnaient pas pour autant leurs atavismes nationaux et religieux. Globalement cependant, l'élément anglais, en tant que bloc linguistique, resta prépondérant dans le Vieux Montréal pendant plusieurs décennies, tout en subissant des changements et des fluctuations.

L'un des changements les plus significatifs se fait au niveau de la composition ethnique. Au milieu du 19ème siècle, Montréal était culturellement et politiquement une ville britannique. De 1831 à 1865, la population est à majorité anglophone [avec un sommet de 57 % atteint en 1844]. La prépondérance britannique se retrouve aussi au conseil municipal où les décisions politiques vont dans le sens des intérêts de cette majorité. Toute l'allure de la ville est modifiée. À compter des années 1840, l'architecture d'inspiration britannique remplace graduellement, sans l'éliminer totalement, la vieille architecture française. La situation commence à se renverser vers 1865 alors que les francophones redeviennent majoritaires dans la ville. Cela s'explique par l'arrivée des ruraux canadiens-français venus travailler dans les usines, à un moment où l'immigration d'origine britannique est nettement en baisse. L'annexion de municipalités de banlieue, peuplées en grande majorité de francophones, accentuera ce mouvement. Il faudra toutefois attendre une vingtaine d'années avant que ce renversement de la composition ethnique ne se répercute au conseil municipal. Il faudra beaucoup plus de temps avant que l'image de la ville et ses principales institutions culturelles ne retrouvent leur visage français (23).

Il est important de bien avoir à l'esprit cette situation démographique et aussi tout l'arrière-plan socio-économique où se produisent les croisements de traditions ethniques et de langues qu'a connus le Montréal de la seconde moitié du XIXème siècle.

L'enfance d'Émile Nelligan se situe au sein d'une famille où deux langues et deux cultures doivent se frayer un seul chemin. Le futur poète tirera sans doute bien des richesses, mais il ne pourra éviter certains écueils, dans la recherche de sa propre identité. L'individu, on le sait, organise plus facilement sa vie dans un pays sémographiquement et culturellement monolithique. Émile Nelligan doit passer son enfance dans une cité déjà devenue une puissante métropole, et qui a un double visage: anglais et français. Il apprendra donc deux langues, se nourrira à deux cultures; mais parce que sa mère est fortement attachée aux origines de ses ancêtres, il penchera toujours davantage vers la tradition française d'un grand-père célèbre, maire de Rimouski, qu'il n'a jamais connu mais dont le souvenir demeure vivant: Joseph-Magloire Hudon.


Sources biographiques citées:

4. Luc Lacoursière, [Chronologie d'Émile Nelligan], dans ENPC, 1952, p. 31-32.

5. Nous tenons ces renseignements d'Edward MacLysaght, D. Litt. , M.R.I.A., qui , dans son livre More Irish Families, Galway & Dublin , O'Gorman Ltd., 1960, p. 191-192, sous l'article [(0) Nelligan] rapporte ceci: [(0) NELIGAN King's analysis of the 1911 census for Kerry indicates that there were then 34 Neligan families in that county and as we know that the name is also in Co. Cork it is remarkable that it does not find a place in the almost contemporary statistical return prepared by the Registrar-General since this purported to indicate every name for which 5 or more births were recorded in the year. ln 1864 there were 8 Neligan registrations and in 1865 twelve, nearly all in Counties Cork and Kerry. As far back as the sixteenth century it occurs in Kerry and Cork records, but it is not to be found in the Annals or the genealogical treatises, consequently little is known of its origin. The earliest references I have found suggest that it originated in south Leinster. ln 1315 Richard Nelgan, a follower of the Kavanaghs, is mentioned as an interpreter on the occasion of Richardn's intercourse with the Irish chiefs. At the end of the next century we find John Neligan a merchant in Kilkenny and Nicholas Neligan a householder in the same city. Ballynelligan is a place near Lismore. John Moore Neligan (1815-1863), a physician who wrote a standard text book on medicines, was born at Clonmel. Rt. Rev. Moore Richard Neligan (1863-1922), noted Anglican bishop, was Irish born. Woulfe gives Ô Niallgain, which is derived from the christian name Niall, as the Irish form of Neligan]. Il est également à noter que dans New Dictionary of American Family Names de Elsdon C. Smith [New York, Evanston, San Francisco, London, Harper & Row, publishers, 1956], à la page 368, on peut lire ceci: [Nelligan, Neligan (ir) descendant of Little Niall (champion).]

6 [O'Flynn, O'Lynn], dans Edward MacLysaght, Irish Families. Their Names, Arms and Origins, Dublin , Ireland/Tolowa, New Jersey, Allen Figgis & Co. Ltd Publishers, [s.d.], p.148-149.

7. Deux documents permettent de connaître les antécédents des grands-parents du poète: leur acte de mariage à Saint-Mary's Pro-Cathedral Church et les renseignements ayant trait à la naissance de leurs enfants au Rotunda Hospital de Dublin. L'attestation officielle de Saint Mary's Pro-Cathedral se lit comme suit: [I certify that it appears from the Marriage Registers of St. Mary's Metropolitan Church, Kent at the Pro-Cathedral, Marlborough Street, Dublin, that Patrick Nelligan and Catherine Flynn were lawfully Married according to the rite of the Catholic Church on the 24th January 1847 in the presence of William McCormick and Mary Meban. (Signé) Donald McCarthy, priest of the said parish.]

La naissance des enfants de Patrick Nelligan et Catherine Flynn est indiquée dans le [Register of Labour Patients] du Rotunda Hospital , sous les entrées: 163787 [David, né le 11 juillet 1848]; 168808 [Margaret, née le 17 novembre 1850]; 177392 [Patrick, né le 20 mars 1855]. La fiche d'inscription au Rotunda Hospital est uniforme pour tous les nouveaux-nés. Dans le cas du père du poète, elle se lit ainsi:
[Mother's Name: Catherine Neligan - Age: 26
Husband's Name and Business: Patrick Servant
Religion: Roman Catholic
When admitted: 9th July
When delivered: 11th July
Sex: Boy
When discharged: 18th July
No. of Ward: 1.]

Il est à noter qu'on n'indique pas ici le prénom mais seulement le sexe de l'enfant nouveau-né: [boy] ou [girl].

8. [Heads of Household] Census, Dublin. Ref. 1A-39-38. Nous remercions ici M. Donal F. Begley, Chief Herald of Ireland qui a bien voulu nous communiquer ce précieux document ainsi que celui décrit dans la note 7 comme aussi de nombreux renseignements au sujet du Dublin du XIXème siècle. Sa constante et sympathique collaboration a grandement facilité nos recherches sur les ancêtres irlandais d'Émile Nelligan. Notre gratitude va aussi à M. Ian Czak, professeur à Trinity College, University of Dublin, consultant au ministère des Affaires étrangères d'Irlande, dont l'intérêt pour nos recherches ne s'est jamais démenti.

9. Généalogie de [sic] Sieur Guy Corbeil , industriel, établie par l'Institut généalogique Drouin de Montréal, 1938. Ouvrage non paginé , commandité e t pr éparé avec la collaboration d'Émile Corbeil, le mari de Gertrude Nelligan, soeur du poète. Nous avons utilisé l'exemplaire appartenant à Maurice Corbeil, annoté par son père. Les renseignements ajoutés par celui-ci aux données généalogiques de l'Institut Drouin viennent des recherches personnelles d'Émile Corbeil, ainsi que de l'information orale provenant directement de la famille Nelligan. D'autre part, ces notes, faites après 1931, véhiculent en elles-mêmes les défaillances de la mémoire; ces témoignages oraux sont plus exposés aux erreurs que la preuve officielle, écrite. Émile Corbeil a annoté une Généalogie en 1938, donc 14 ans après la mort de David Nelligan dont il semble tenir la plupart des renseignements ayant trait aux origines irlandaises de sa femme Gertrude, mort en 1925.

10. Dans le registre de l'église catholique paroissiale de Buttevant nous lisons: [22 October 1820 - David of Patrick Neeligan & Margaret Daly of Bally berg. Sps. John & Mary Flynn. 25 May 1823 - Ellen of Patrick Nelagan & Margaret Dally [sic] of Ballyberg. Sponsors, Denis Barrett & Johanna Lynch.] Renseignements aimablement fournis par M. Donal F. Begley de Dublin.

11. Patrick Nelligan, fiche d'emploi, ANC, R.G.3, Postes, vol. 1025, 116782, p. 10. Canada Est, 1861, Montréal, quartier Saint-Laurent, ANC, R.C.31, vol. 592, C 128822. Les données proposées dans des recensements subséquents brouillent le tableau que nous venons d'établir. Celui de 1871 indique ainsi l'âge des Nelligan: Patrick [père] - 50; Catherine [mère] - 40; David - 22; Margaret - 19; Patrick- 16; Cathi - 11. Dans le recensement de 1881, nous lisons: Patrick - 60; Catherine- 50; Margaret - 25; Cathi - 20. Comment expliquer alors le fait que Catherine Flynn Nelligan, âgée à Dublin de 26 ans en 1848, donc née en 1822, ait rajeuni de huit ans dans des recensements de 1871 et de 1881. Et la confusion persiste lorsque Patrick Nelligan meurt le 5 mars 1888; la presse montréalaise souligne qu'il est décédé à l'âge de 70 ans. Lorsque Catherine Flynn Nelligan meurt le 12 juin 1889, la presse déclare qu'elle est décédée, elle aussi, à l'âge de 70 ans. Si l'on s'en tient à ces dates, ils seraient nés respectivement en 1818 et 1819, ce qui est d'ailleurs inscrit sur leur tombe. Ces dates semblent cependant erronées comme l'est aussi la date de naissance de David Nelligan: 1849, gravée sur la pierre tombale de la famille Nelligan au cimetière de la Côte-des-Neiges.

13. Mackay's Montreal Directory New Edition Corrected in May & June 1861-62, Montreal, by R.W . Stuart Mackay. Ce bottin deviendra plus tard Lovell's Montreal Directory et finalement Montreal Directory. Ce guide est l'une des sources qui nous a permis d'établir les adresses successives de la famille Nelligan.

14. Les renseignements proviennent de deux sources: [Rôle d'évaluation foncière, quartier Saint-Laurent], Cadastre n° 697, 1882; Cadastre n° 696, 1885 et 1887; [St. Lawrence Ward], 1879, Lagauchetière Street, Personal Taxes and Businesses Duty.

15. Acte de mariage de Patrick Joseph Nelligan et de Flavia Victoria Tisdale, 22 juin 1874. Registres paroissiaux de l'église Saint-Patrice de Montréal, 1874, M.

16. I. Hickson, lettre de recommandation du 30 novembre 1867 en faveur de David Nelligan, lettre rédigée au nom de la direction du Grand Trunk Ry. of Canada, ANC, R.G.3, Postes, vol. 931, document 36.

17. Edwin King, inspecteur des Postes, lettre de recommandation en anglais [novembre 1867], adressée à M. Patrick Tiffin, en vue d'un emploi pour David Nelligan à titre de commis dans son bureau.

18. David Nelligan: deux fiches d'emploi, 20 novembre 1867 - 1er juillet 1892, ANC, R.G.3, Postes, vol. 1025, documents 116783 et 116784.

19. David Nelligan empruntait souvent des livres français à la bibliothèque du Fraser- Hickson Institute. Selon les registres de cette institution, en octobre 1873, David Nelligan s'y rendit sept fois [les 8, 10, 15, 18, 22, 27 et 29 octobre] et emprunta cinq ouvrages: Madelon, Sous les tilleuls, Devant les tisons, Un cadet de famille, Fils du diable [4 volumes]. Cf. Fraser-Hickson Institute-Institut canadien, Livres de prêts, 1873, p.47. Mme Béatrice Hudon-Campbell nous a assuré que d'après ses souvenirs ayant trait à la dernière décennie du XIXème siècle, David Nelligan parlait relativement bien le français et avait même appris l'italien par ses propres moyens. Il ne faut pas oublier non plus qu'à cette époque parler anglais était très à la mode au sein de la petite bourgeoisie française bilingue.

20. Pour plus de renseignements sur les Irlandais au Canada et à Montréal, nous signalons les ouvrages suivants: Marianna O'Gallagher, s.c.h., Grosse Ile, Gateway to Canada, 1832-1937, Québec, Carraig Books, 1984, 185 p. Cecil Houston et W.J. Smythe, The Sash Canada Ware, Toronto, University of Toronto Press, Wakson Griffin, An Irish Evolution, Toronto, The Ontario Press Limited, 1982, 33 p. William M . Noble, [The Irish in Canada, 1815-1867], thèse de doctorat, University of Maryland, 1975, vi, 384 p., surtout le chapitre II, [Irish Migration], p.27-78.

21. Recensement du Canada: 1861, 1871, 1881 et 1891.

22. Pour plus de renseignements voir: Jean Hamelin et Yves Roby, Histoire économique du Québec, 1851-1896, Montréal, Fides, 1971, xI, 436 p.

23. Paul-André Linteau, René Durocher et Jean-Claude Robert, Histoire du Québec contemporain. De la Confédération à la crise (1867-1929), Montréal, Boréal Express, 1979, p. 157.

Source: Nelligan 1879-1941 Biographie, Paul Wyczynski, Fides, p.p. 25-41. [Propos recueillis sur Planète Généalogie et Histoire / 2021 ]

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